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Le Journal des Ecrivains

Conversations de Bistro (châpitres 1/2/3/4/5/6/7/

AUX INTELLECTUELS RUE DU DRAGON PARIS 6 ème. A LA BUVETTE DES AVOCATS PARIS 1 er. LA CORONA SUR LES CHAMPS ELYSEES PARIS 8 ème. Le Coeur sur la Main . BAR DU COMMERCE. Le Bistrot des Artistes.

jeudi 19 novembre 2015

Un bistrot plutôt intelo du côté de la rue du Dragon

Messieurs, BONJOUR !

Tieeens, Monsieur Durand, justement j’pensais à vous c’matin.

Vous pensiez à moi, vous m’en voyez ravi et surpris. Ravi, parce qu’il m’est agréable de savoir que quelqu’un pense à moi et surpris parce que je me demande bien ce qui a pu vous faire penser à moi.

Bah ! Je m’disais comme ça en m’rasant, qu’autrefois, les DUPONT-DURANT ou DURAND avec un T ou un D à la fin, c’était pas ça qui manquait et maint’nant c’est dev’ nu plutôt rare comme nom.

C’est vrai mon ami, c’est très vrai. Tout change. Il est évident que les DUPONT DURAND étaient en grand nombre sur tout le territoire français, notamment à Paris. Mais vous savez, il n’y a pas que les noms de famille qui changent, il y a aussi et c’est tout aussi désastreux, les noms de pays.

Que voulez vous dire Monsieur DURAND ?

Ce que je dis, c’est que certains que l’on peut qualifier d’anti français appellent notre beau pays la France, l’hexagone. Cela est parfaitement choquant et irrespectueux.

Oui, il est vrai que même les journalistes s’y mettent. Que ce soit dans les journaux ou à la télévision, on entend très souvent la France dénommée l’hexagone.

Voyez-vous, Messieurs, si nous n’y prenons garde, avec l’arrivée de cette nouvelle Europe, le mot France pourrait bien disparaître de tout langage avant peu. C’est pourquoi je dis que certains sont des anti français et qu’il faut se méfier de leur manœuvres insidieuses.

Permettez-moi de vous donner un exemple, l’Italie, ce magnifique pays véritablement Européen celui-là, ressemble incontestablement à une botte. Personne ne peut contredire cela contrairement à la France qui ressemble autant à un hexagone que la tour Eiffel ressemble à un chou fleur. Pourtant, le monde entier appelle l’Italie l’Italie et non pas la botte. Si nous appelions l’Italie la Botte, il conviendrait alors d’appeler les Italiens LES BOTTIERS. Aussi, lorsque que certains imbéciles destructeurs appellent la France l’hexagone, conviendrait-il alors de leur demander comment s’appellent les habitants de cet hexagone ? Les hexagonaux… peut-être ?

A la bonne vôtre Messieurs, vous êtes mes invités et vive la France .

* * *

La Buvette des Avocats Boulevard du Palais

Alors, toujours efficace dans le rôle des plaideurs ?

Comme vous le savez mon cher confrère, on fait ce que l’on peut. Entre une justice à réformer dans son ensemble, des procureurs tellement débordés qu’ils sont obligés, bien malgré eux, de se faire aider par des assistants de justice qui, à leur tour, doivent statuer sur des apparences, qui, de nos jours, conduisent beaucoup plus d’innocents en garde à vue que de crapules. Quand encore, cela s’arrête à la garde à vue sans bavure dramatique pour l’innocent présumé coupable.

Vous pensez vraiment que nous en sommes là ?

Bien sûr que oui. Je n’vous apprendrais rien en vous disant que l’exemple vient d’en haut. Si de temps à autre un homme politique puissant est appelé à comparaître devant une cour de justice pour malversation, comprenez bien que l’homme de la rue se dit ’’il est délinquant, pourquoi pas moi‘’ ?

Oui, sauf que l’homme politique sait comment se défendre et sera tout au plus condamné à l’inéligibilité pendant quelques mois, tandis que Monsieur Toulemonde fera 5 ans de placard dans le meilleur des cas. Permettez-moi de vous faire remarquer, mon cher confrère, que si nous n’avions que des délinquants de la politique à défendre, nos revenus seraient bien maigres.

Pourquoi ? Vous pensez qu’ils ne sont pas nombreux ?

Si, bien sûr qu’ils sont nombreux, mais très peu passent en justice et donc n’ont pas besoin de nos services.

Dans un sens, vous avez raison, heureusement qu’il y a l’homme de la rue et les innocents pour payer les pots cassés sans cela de quoi pourrions-nous bien vivre ?

Toute blague mise à part, ne trouvez vous pas ironique, mon cher confrère, que l’on ose encore prétendre que nul n’est censé ignoré la loi dans un pays où il n’y a pas moins de 58 codes et quelques 100.000 lois ? Pays dans lequel le meilleur des juristes ne connaît pas le dixième de ces lois, ni le dixième des codes dans lesquels elles se trouvent ? Et l’on a l’audace de condamner un innocent sous le prétexte aussi abusif qu’imbécile que nul n’est censé ignorer la loi ?

Trouvez-vous logique que l’on condamne un automobiliste par l’affirmation que l’on doit être maître de son véhicule ? Mais je me fais fort de faire avoir un accident à tout juge qui se trouverait au volant de son véhicule dès lors qu’il serait derrière le mien. Faudrait-il alors qu’il m’explique pourquoi il n’est pas resté maître de son véhicule ?

Tout ceci sans évoquer les dossiers qui traînent au cours de l’enquête, puis à l’instruction, et enfin au Tribunal. Tribunal qui, dans une proportion sans cesse grandissante, se déclare incompétent, après avoir fait perdre dans le meilleur des cas deux ou trois ans aux victimes, ce qui arrange très bien les coupables. Victimes qui deviennent avec le temps de véritables martyrs.

Vous conviendrez avec moi, qu’en plus des carences incontestables de notre justice, il nous arrive aussi, lorsqu’il nous manque des éléments, ou que nous ne sommes pas dans la possibilité de nous présenter aux dates convenues, de faire reporter une audience.

Vous n’êtes pas étonné que nos reports soient acceptés sans trop de difficulté ?

Pensez-vous, regardez, moi par exemple, quand j’arbore ma prestance, ma chevelure blanche et ma légion d’horreur… Personne ne moufte.

Légion d’horreur, vous y allez mal !

Vous trouvez, quand on sait qu’on la doit à Napoléon qui a fait plus de victimes qu’il n’a rendu de gens heureux… Sans parler de sa vulgarisation auprès d’une bande d’abrutis qui la reçoivent pour avoir donné un coup de pied dans une baballe.

Et vous-même, c’est pour avoir donné aussi un coup de pied dans une baballe qu’on vous l’a donnée ?

Non, moi… C’est pour avoir fait acquitter des assassins.

Enfin, il faut bien que nous fassions tourner nos cabinets dont les charges sont de plus en plus lourdes, non seulement nos clients se trouvent confrontés à des affaires qui s’éternisent et affectent leur moral de manière fort préjudiciable, mais pour tout arranger leur procédure leur coûte beaucoup plus chère qu’elles ne le devraient.

Pour en terminer sur une note que vous m’autoriserez à qualifier de comico-dramatique, je dois vous avouer que l’action en justice du dernier client que j’ai défendu a duré tellement longtemps que celui-ci est mort à l’audience. Cela est arrivé au cours d’une procédure entamée contre un service de pompes funèbres avec qui il avait fait affaire pour ses obsèques futures, et qui refusait de lui donner quittances des sommes qu’il avait déjà versées.

En quelque sorte affaire classée.

*** Dans un bar des Champs Elysées

Tiens, comment vas-tu ? Alors, toujours en tournage en c’moment ?

Non, on vient de terminer, et maint’nant à quand le prochain film ?

Tu vas t’mettre au chômage ?

Ça s’peut. Tu sais j’connais un coiffeur, ça fait 10 ans qu’il vit comme intermittent du spectacle. Il en vit bien d’ailleurs. Il coiffe de temps à autre, ici ou là, un acteur et le tour est joué. Tu connais la musique, j’ai rien à t’apprendre.

Non, bien sûr, mais c’est vrai que les mailles du filet se resserrent quand même considérablement.

T’as raison, mais faut bien reconnaître qu’il y a eu certains abus mémorables.

Je n’te le fais pas dire…

Hier soir, j’ai r’passé " L’Ours " pour mes gosses. Quand je vois le budget de ce film, bien que je sois du métier et que je parle sans aucune jalousie, je trouve quand même qu’il y a de l’abus !

C’était un gros budget ?

Tu rigoles…T’es pas au courant ?

Non. Raconte…

Bien, en gros, dit-on, peut-être pour justifier des pertes colossales ou alors l’incapacité de l’équipe à filmer une image : 300.000 mètres de pellicule pour 3.000 mètres enregistrés, soit un gaspillage – si je compte bien – de 297.000 mètres de pellicule sur 300.000 …..

Non ? Tu es sûr de c’que t’avances ?

Oui. Bien sûr !

Dis donc, sois sympa, trouve moi le nom des preneurs d’images, pour que je pense à ne jamais les employer. J’ai pas envie de me retrouver en faillite !

Attends, je n’t’ai pas tout dit… Ce n’est que le début… Ce film a le mérite d’avoir été tourné sans aucun acteur, donc aucun cachet. A moins que l’ours ou son propriétaire ait exigé un cachet plus gros que celui qu’un Depardieu aurait exigé, on est en droit de se demander ou est passé l’pognon.

Vraiment ? Un gros budget ?

140 millions de francs de l’époque, ou si tu préfères 14 milliards de nos anciens francs.

Tu rigoles ?

Pas du tout, surtout qu’j’ai rien touché. Sans ça, sûr, que moi aussi j’rigolerais.

Attends, comment tu veux justifier 14 milliards, ou si tu préfères 14O millions de francs, si tu n’as aucun acteur ?

Bien, il paraît – toujours d’après les chiffres annoncés – que l’équipe de tournage ne comprenait pas moins de 18O personnes...

...180 personnes pour filmer un ours ? Arrête, arrête, tu vas m’faire pisser dans mon slip !…

Remarque qu’il a fallu dédommager le propriétaire des terrains sur lesquels l’ours se trouvait.

Oui, il a bien dû toucher 2.000 balles.

T’as raison, et autant pour le propriétaire de l’ours, ça fait, ça fait, voyons voir, 2.000 + 2.000, Hééé ! Dis donc, ça fait quand même 4.000 Frs.

Hé oui ! Et 140 millions moins 4.000 Frs, ça fait ?

Cherche pas, va… J’ai compris. Quand tu penses qu’il y a un chirurgien d’Hôpital qui vient de sauver la vie d’une femme en lui transplantant, au cours de la même opération, un cœur et deux poumons, tout ça pour 18.000 Frs par mois, avec les risques que cela comporte, ça t’oblige à penser...

Oui, c’est vrai, il y a de quoi être écoeuré, parfois !

Dis donc, j’y pense…Tu n’voudrais pas te déguiser en ours ?…

Jame Tessin 000

RUE VIEILLE DU TEMPLE PARIS 3ème

Alors cher ami, quoi de neuf ?

Eh bien ! À part le Pont du même nom, pas grand chose de neuf. Quant à me qualifier de cher, vous savez bien que je suis tout, sauf " cher ".

Comme vous y allez ce matin, déjà l’esprit dans le vitriol ?

Non, pas du tout, en tout cas rien de personnel contre vous, vous le savez bien.

Ah bon ! Vous me rassurez… Dites-moi, je parlais de vous hier matin avec l’adjoint au Maire. Nous nous demandions ce qu’était devenue l’affaire d’agression sexuelle survenue dans le Foyer de jeunes adultes handicapés dans lequel réside votre fils ?

L’affaire suit son cours. Le Président du Conseil général du département s’en lave les mais.

Au moins, il aura toujours ça de propre…

Oui, si l’on veut. On sait que c’est un éducateur professionnel récidiviste, incarcéré, en attente de jugement. Les parents meurtris d’avoir un enfant handicapé mental victime d’un récidiviste, face au mutisme du Président du Conseil général, sont obligés de se pourvoir en justice, en se portant partie civile. Tout cela est bien écoeurant.

Vous avez raison. Je comprends votre amertume. Mais dites-moi, n’était-ce pas ce même Président du conseil général qui, pour favoriser son élection, avait profité du reproche fait à son prédécesseur d’avoir détourné quelques fonds en vendant quelques bouteilles de vin, à la sauvette, alors qu’elles avaient été payées par le Conseil général ?

Si, bien sûr ! Mais, vous savez entre un bonhomme qui vend quelques bouteilles de vin à la sauvette et un voyou qui se sert des Handicapés dans ses campagnes électorales, je préfère le petit bandit au grand salaud

Vous avez bien raison et je vous apporte tout mon soutien dans votre jugement. Au fait, de quel département est-il ce Président de Conseil général ?

Peut-être n’a-t-on pas le droit de le dire car il doit être bien protégé pour ne pas répondre aux lettres adressées par le représentant des familles confirmées par celles de leur avocat et ignorer ainsi les comportements le l’agresseur sexuel récidiviste. Aussi, je ne dirai pas d’où il est. Par contre, pour qu’il ne puisse y avoir de suspicion sur tous les autres Présidents de Conseils généraux innocents de cette affaire, je dirai seulement qu’il ne s’agit pas des départements dont les numéros s’étendent du 01 au 90 et du 92 aux suivants…

Jame Tessin

000

Le Cœur sur la Main angle rue de Crimée et avenue Jean Jaurès Paris

A la Mémoire de Gérard le Petit Horloger de la rue de Crimée.

Le soir de Noël, dans l’arrière salle.

Chers amis, Bonsoir.

Ah ! Monsieur Vankowitch, comme nous sommes heureux de vous voir. Nous commencions à être désespérés. Nous avions peur que vous ne partagiez pas notre veillée comme vous avez coutume de le faire maintenant depuis…

Oui depuis… bien longtemps.

C’est vrai, vous voyez, c’est en ces occasions que je remarque le plus le temps passé. Il y a si longtemps maintenant, si longtemps que vous m’avez accueilli pour la première fois, ce fameux soir de Noël où j’arrivais de ma Russie natale. On nous appelait les Russes Blancs à cette époque.

Je ne parlais pas un mot de français. Je me sentais sale. Je n’avais pas mangé ni bu quelque chose de chaud depuis 3 jours. Il me restait un rouble en poche que j’avais gardé pour être sûr d’arriver jusqu’à Paris. Paris où vous m’avez accueilli. Je vous ai fait comprendre que je voulais du vin chaud comme en buvaient les autres.

Je me rappelle que vous m’avez fait asseoir à la table du fond, dans l’angle. Vous m’avez servi un grand bol de vin qui sentait bon la cannelle. Je vous ai tendu mon rouble, mais vous l’avez refusé. Je me le rappelle comme ci s’était hier, vous avez dit NOËL…NOEL, vous m’avez souri. Après avoir bu ce liquide brûlant qui a réchauffé mon sang glacé, je me suis endormi sur la table. Vous m’avez laissé dormir jusqu’au lendemain matin.

Tout ce que j’ai eu après, c’est à vous que je le dois, et vous voudriez que je passe une soirée de Noël ailleurs qu’ici ?

La famille composée d’une douzaine de personnes de tous âges s’approcha de la grande table sur laquelle se trouvaient quelques victuailles, des fruits, et des boissons chaudes, du pain d’épice, du miel et de la confiture faite maison.

Après avoir grignoté ce qui leur faisait plaisir, les enfants s’approchèrent de Monsieur Vankowitch qu’ils imaginèrent être le père Noël. Cet homme avait une prestance impressionnante. De stature imposante, il avait une chevelure abondante et longue qui se mélangeait à sa barbe blanche.

Il s’était approché de la cheminée dans laquelle le feu crépitait. Assis dans un rocking-chair, il se balançait doucement en entonnant un air nostalgique de son pays. Bien qu’il laissa ses lèvres fermées sur sa pipe, on pouvait distinguer le timbre de sa voix chaude et Caractéristique que l’on retrouve avec émotion dans tous les chœurs russes.

Les enfants demandèrent, Monsieur Vankowitch, tu nous racontes une histoire ?

Mes histoires ne sont pas pour les petits enfants. Elles ne sont pas drôles.

Le chef de famille reprit : Depuis que nous vous connaissons, nous n’avons jamais passé une veillée de Noël sans que vous nous disiez l’un de ces merveilleux contes dont vous avez le secret. Ma femme et moi nous sommes souvent demandés pourquoi vous n’en faites pas un recueil que vous feriez éditer ?

Hé bien ! Peut-être seulement parce que dès que j’ai terminé l’histoire, je l’oublie. Elle disparaît de mon esprit aussi vite qu’elle y est entrée.

Comme c’est dommage, de si belles histoires.

Faites nous plaisir Monsieur Vankowitch, s’il vous plait.

Bien ! Alors nous allons essayé de faire simple, sans trop de mélancolie en gardant si possible le fil conducteur de Noël.

Je vais vous dire un secret, le plus important pour moi est le titre. Dès que je l’ai trouvé, alors, le récit vient tout seul. Quel titre allons nous donner à notre histoire de ce soir. Laissez-moi réfléchir quelques instants…

Les enfants en profitèrent pour approcher leurs petits fauteuils de celui du colosse, tandis que les autres s’installaient confortablement sur leurs sièges.

Je vous propose d’appeler mon histoire de ce soir :

L’homme qui ne croyait pas en Dieu

Il avait toujours évité, comme ses parent le lui avait inculqué au cours de son éducation, de parler politique, argent, ou religion.

Dans son fort intérieur, il ne comprenait pas à quoi rimaient toutes ses religions sans lesquelles, selon lui, il y aurait eu beaucoup moins de guerres, de martyrs et de morts.

De religion catholique Il avait été baptisé à sa demande à l’adolescence. Il se rappelait ce catéchisme dans lequel il était écrit que Dieu était infiniment bon, et infiniment aimable. Ce qu’il croyait avec foi à l’époque.

Ce n’est qu’en avançant en âge qu’il commença à se poser des questions face aux atrocités de la guerre.

Plus tard, il vit des femmes et des enfants martyrisés. Il rencontra la souffrance, la pauvreté, la misère. Il fut bien obligé alors de se demander si ce Dieu là était infiniment bon et infiniment aimable, et ce que serait notre monde s’il était infiniment mauvais.

Il pensait à ces barbares de toutes époques et sous tous les cieux qui dirigeaient les nations et qui, à eux seuls, obtenaient que des populations entières s’exterminent sans aucune raison.

Combien de soldats ne sont-ils pas revenus de ces guerres fratricides ? Combien d’infirmes, combien de mères éplorées ?

De toutes ces religions, il n’en trouvait aucune qui implore la sagesse et qui impose la liberté et l’amour

Tout en ressassant ses idées noires dans sa tête, accentuées encore par cette soirée de Noël, il regardait les marmots admirer, à travers les vitres des magasins de jouets, ceux dont ils rêvaient mais qu’ils n’auraient jamais.

Il ne pouvait pas admettre que certains soient suffisamment riches pour vivre aisément le reste de leur vie sans même avoir à travailler, à courber l’échine, à y laisser leur santé, tandis que d’autres avaient faim et froid. Il était malheureux de savoir que ces inutiles ne connaissaient pas la générosité.

Non, il ne pouvait pas croire que derrière tant de haine, tant d’injustice, tant de veulerie, un Dieu infiniment bon et infiniment aimable savoure ce spectacle sans intervenir.

Dans cette rue animée, il comparait ceux qui se jouaient la comédie en ce soir de Noël, essayant de croire qu’ils étaient gais et heureux, aux miséreux bien plus près, ceux-là de la triste réalité.

Il se sentit fatigué, mais ne ressentait aucune douleur. Bien qu’il fit un froid glacial, il éprouva le besoin de s’asseoir sur un banc où il venait quelque fois les soirées d’été.

Deux miséreux, un homme et une femme sans âge, se tenaient assis l’un contre l’autre. Il s’assit à l’autre bout du banc pour ne pas les déranger. Il se sentit comme dans du coton, la nuit lui sembla beaucoup plus noire. Seuls les vitrines et les phares des voitures lui semblaient briller.

Il regarda le ciel. C’était un soir de pleine lune, une de ces nuits magnifiques où la brillance de la lune est exceptionnelle. Cela fait généralement présager qu’il va geler à pierre fendre.

Tandis que le douzième coup de minuit sonnait en cette nuit de Noël, lui n’entendait plus aucun bruit. La rue s’était vidée. Les quelques piétons et les voitures circulant encore lui semblaient totalement silencieux. Son regard fut attiré par la clarté de la lune qui lui donna l’impression d’embraser le ciel d’une blancheur immaculée. Pour la première fois de sa vie il se sentait bien, calme, reposé, en accord avec lui–même. Il aperçut, au centre de cette lumière venue du ciel, une forme humaine vêtue d’une robe blanche. La forme, bien qu’encore très éloignée, s’approchait rapidement de lui. C’était un homme au visage rayonnant d’une grande pureté. Il portait la barbe. La paume de ses mains était dirigée vers lui, les bras légèrement écartés du corps.

Lorsque dans la nuit, les médecins du SAMU découvrirent son corps rigide toujours assis sur le banc, deux choses les stupéfièrent. L’homme avait un visage détendu et rayonnant. Ses pupilles étaient dilatées de manière tout à fait inhabituelle, comme-ci un projecteur d’une immense intensité avait éclairé son visage.

Dans l’arrière salle du Bistro, les enfants s’étaient endormis. Personne ne dit mot comme pour continuer de méditer sur ce qui est ou non. La maman essuya une larme qui coulait sur sa joue, dans l’âtre, le feu crépitait doucement.

000

Bar du Commerce

MP3 - 4.2 Mo

Salut patron ! donne-moi un p’tit blanc, ça va m’remonter ….

Pourquoi qu’tu veux t’remonter ? T’es descendu ?

Ah ! t’as d’l’esprit l’matin, fais gaffe de pas attraper une méningite…

Dis-donc, en fait d’méningite, tu t’fais vacciner, toi, contre la grippe ?

T’es malade ! J’ai pas envie d’crever. Si y t’refilent le vaccin gratos, c’est pas pour t’faire plaisir.

D’ta santé y z’en ont rien à s’couer, s’qui veulent c’est l’pognon, le gros pognon qui pue, quitte à t’envoyer au cim’tière…

Attends, attends, comment qu’tu veux qu’y prennent de l’artiche, si y t’refilent un vaccin gratos ?

Ah ! Qu’t’es con, tiens bois un gorgeon, ça va t’éclaircir les idées. A la tienne, Etienne, casse pas l’bol, j’vais t’expliquer pour pas qu’tu meurs idiot :

Si qu’t’es au gouvernement, qu’t’es ministre ou quequ’chose comme ça, tu vas trouver tes potes et tu leur demandes s’y s’raient intéressés par queques centaines de briques. Tu crois qu’y vont dire non ?

Non.

Non quoi ?

Non, y vont pas dire non. !

Bon ! Alors, tu leur expliques qu’t’as eu une idée, la nuit, quand tu t’es réveillé pour aller pisser….

Tu t’es dit comme ça qu’les vieux y s’lèvent souvent la nuit pour aller pisser.

Oui, mais j’vois pas l’rapport avec l’vaccin.

Attends machin, j’y’arrive.

Prends ton temps, surtout qu’on est pas pressés.

Ah ! qu’t’es con ! J’suis en train d’t’instruire, et tu veux pas écouter…

Si, si, te fâches pas ! J’t’écoute au contraire, mais,faut bien qu’on s’marre quand même. Tiens, r’file nous un coup d’ton casse pattes !

Mon casse pattes, t’y vas mal ! du Muscadet comme çui là t’en boiras pas tous les jours, y vient d’chez un cousin à mon beau frère….

Mais, c’est pu ton beau frère, vu qu’t’es divorcé d’puis au moins dix ans !

P’t’ête, mais c’est quand même toujours son cousin qui m’fournit.

Bon ! Arrête avec tes histoires de famille, parle-moi plutôt du vaccin qui tue…

Ah oui ! Où don qu’j’en étais ?

T’en étais au ministre qui va pisser la nuit et qu’y pense à tous les vieux qu’y vont pisser la nuit…

Ah oui ! ça m’fait plaisir de voir que tu suis bien. Alors, écoute et tu va comprendre comment on peut s’enrichir su’l’dos des pauvres. Et comme disait Coluche, y sont pas riches, mais y sont tellement nombreux…

Ah oui ! Coluche, y nous manque bien !

Alors, ton ministre qui pisse, à quoi y pense ?

Eh ben ! Y’s’dit comme ça qu’les vieux y sont plus fragiles qu’les autres, et si on fait croire au bon peuple qu’pour des raisons humanitaires, on veut les protéger en les vaccinant gratuitement contre la grippe, tout l’monde s’ra d’accord et n’y verra qu’du feu !

Oui, mais j’vois toujours pas comment on prend l’pognon ?

Attens, j’yarrive…

Prends ton temps, j’ai pas d’train à prendre.

Tant mieux, c’est pas qu’c’est difficile à comprendre, mais faut prendre son temps pour bien expliquer.

D’ce côté là, y a rien à t’reprocher.

Ah ! Qu’t’es don bête, écoute, au lieu d’te moquer.

Vas y, j’suis toute ouie !

Bon ! tu t’renseignes pour savoir combien y a d’vieux qu’ont , par exemple, 65 piges et plus, D’accord ?

Oui, jusque là, j’te suis.

Tu peux dire environ 15.000.000. Tu va chez l’pharmacien du coin, tu d’mandes combien coûte le vaccin anti-grippe . D’accord ! Pis, tu t’renseignes pour savoir combien y z’en vendent par an . Toujours d’accord ?

Pis tu t’aperçois qu’y z’en vendent très peu. Alors tu téléphones à tes richissimes potes des laboratoires pharmaceutiques qui gagnent leur pognon su’l’dos des malades et des miséreux. Car les médicaments ne sont pas gratuits.

Y font pas ça par philanthropie, mais pour prendre beaucoup, beaucoup de blé. Oublie pas qu’dans la plupart des cas l’emballage coûte plus cher qu’le médicament !

Tu dis à tes potes d’la pharmacologie, c’est bien comm’ça qu’on dit ? La pharmacologie. Que tu peux leur faire vendre à l’Etat qui paiera…via le contribuable… 15.000.000 d’vaccins par an , et tu d’mandes ta comm’.

T’as compris maint’nant ?

Mais c’est vrai qu’t’es pas con ! Dis don, j’crois bien qu’j’m’enrhume !

Alors, contre ça, t’casse pas la tête, j’vais t’faire un grog bien chaud, avec du rhum blanc d’la Martinique.

Tu peux m’croire, c’est mieux qu’tous leurs vaccins à la con !…

000

LE BISTRO des ARTISTES

Rue du Talent, près du Conservatoire.

Devant des Artistes confirmés ou débutants, l’un d’entre eux récitait son texte avec panache. J’aimais me joindre à cette troupe en liberté pour les observer et les écouter.

Les artistes, c’est beau ! C’est grand ! Ça nous fait rêver, ça nous fait oublier nos soucis et nos souffrances, ça écrème nos pensées pour un temps, en effaçant les parties sombres.

L’Art est partout, dans toutes les disciplines : du cracheur de feu au briseur de chaînes, en passant par le peintre, le poète, le chanteur. Acteurs et comédiens, auteurs ou interprètes, cinéastes ou clowns, tous nous font rêver dès lors qu’ils ont du talent.

Le Talent, c’est quoi au juste ?

Le Talent, c’est un moyen d’expression que l’on a en soi qui nous fait transmettre, d’une manière ou d’une autre, ce qui nous brûle les entrailles. C’est aussi la reconnaissance du plus grand nombre, pour Un seul.

Toutes les formes d’art sont magiques, chacune a le pouvoir de faire rêver chacun d’entre nous. Toutes ont quelque chose d’hypnotique.

Je ne suis pas un habitué des Musées et je ne connais rien à la peinture. Pourtant, je suis resté subjugué, pétrifié, admiratif, incapable de détacher mon regard d’une toile d’Utrillo.

C’était Montmartre sous la neige. Ce qui m’a le plus étonné en détaillant cette œuvre que je n’oublierai jamais, c’est que je voyais ce qui n’y figurait pas. Les personnages de la rue marchaient dans une neige épaisse à hauteur des mollets.

Pourtant j’avais l’impression de voir leurs pieds, je les voyais animés. Je voyais les flocons de neige tomber, presque à en avoir froid…

Je suis resté plusieurs heures devant cette toile sans pouvoir en détacher mon regard. Je n’avais pas envie que ce moment magique se termine.

J’étais littéralement hypnotisé comme on peut l’être devant un feu de cheminée aux flammes de toutes couleurs, aux formes éphémères impossibles à toucher, à saisir du regard : à peine créées, déjà effacées.

Le Talent, c’est ce qui vous fait oublier que vous existez. Vous n’avez d’yeux et d’oreilles que pour ce que vous regardez et écoutez. Si vous vous vous ennuyez ou pensez à vos souffrances durant un spectacle, alors il n’y a aucun Talent.

Les Artistes, eux-mêmes sont souvent des Êtres écorchés, tant leur sensibilité est démesurée. Ils font abstraction de toute jalousie, de toute calomnie, face au vrai Talent. Les plus grands d’entre eux reconnaissent leurs Maîtres.

De Michel Piccoli à François Perrier, en passant par Daniel Gélin et les Autres, tous sans exception, ont rendu un hommage à l’immense Talent de Serge Reggiani.

De Michel Sardou à Patrick Bruel, en passant par Florent Pagny, Eddy Mitchell et les Autres, tous ont, un jour ou l’autre, rendu hommage à Johnny Hallyday.

Quant à Coluche, l’intelligence faite homme, beaucoup crurent qu’il suffisait de dire des " gros mots " pour faire rire. Les pauvres !… Ils ne sont drôles que pour eux-mêmes, et encore.

A part Chevalier et Laspalles, et quelques uns comme Bernard Mabille qui ne se croient pas obligés d’être grotesques pour amuser.

Le monde du rire est en deuil depuis le départ de l’extraordinaire Coluche.

Il avait obtenu, en riant et en faisant rire, 16 % d’intentions de vote dans une campagne politique du plus haut niveau de notre Pays.

Il a fait trembler les candidats les plus en vue, sans avoir fait sérieusement campagne.

Quel Talent ! Le clown face aux Guignols, quelle claque magistrale !

Jame TESSIN


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Raymond de Cagny