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dimanche 13 juillet 2008
L’INTEMPOREL 7 PARTIE
Il laissa les volets grands ouverts car il ne semblait pas incommodé par la chaleur, ni d’ailleurs par quoi que se fut d’autre. Il s’allongea sur son lit tout habillé et ferma les yeux.
Lorsqu’il les ouvrit, la lumière était moins intense, ce devait être la fin de l’après-midi. Il se leva, mit de l’ordre dans ses cheveux et dans ses vêtements ; puis sentit qu’il devait retourner dans la maison. Il quitta l’hôtel toujours désert et se dirigea vers le centre du village.
Lorsqu’il arriva en vue de la maison, il remarqua une vingtaine d’hommes armés de pelles et de fourches ou de gourdins. Un murmure inquiétant s’éleva. Ils disaient : " il ne va quand même pas nous faire peur, il est tout seul !". Tandis que d’autres reprenaient " Qu’est-ce qu’il peut bien faire contre nous tous ? Hein ! Pourquoi on aurait peur ? Ils tenaient ces propos pour se rassurer mutuellement, mais en fait, il était évident qu’ils crevaient de peur.
Ils formèrent un cercle devant la maison.
L’homme en noir ne s’était pas arrêté. Il marchait de son pas calme et régulier. Lorsqu’il s’approcha du cercle, les deux hommes, les plus proches de lui, s’écartèrent pour le laisser passer. Ils refermèrent le cercle derrière lui et quand il fut en son milieu, demandèrent " Pourquoi tu l’as laissé mourir ? Hein ! Pourquoi t’as fait mourir ce petit garçon ? C’est pour ça que t’es venu ? Hein ! C’est pour ça ? " Ceux qui se trouvaient derrière lui commencèrent à le frapper. L’homme en noir s’arrêta, tira son immense manteau sur sa tête. Les hommes en groupe, à vingt contre un, se sentaient forts, invulnérables. Ils redoublèrent de violence, tous s’y mirent. Au bout d’un moment, essoufflés et soulagés, ils s’arrêtèrent. Ils s’écartèrent en cercle à nouveau. Au milieu, on ne distinguait plus qu’une masse noire. La femme sortit de la maison. Les hommes s’écartèrent pour la laisser s’approcher. L’un d’eux se mit devant elle " Vaut mieux pas M’dame, vaut mieux pas." Elle l’écarta d’un revers de la main. Elle se dirigea au centre du cercle, contempla un moment la masse noire.
Elle se baissa doucement, prit le manteau par le col, le souleva. Il était vide. Elle le secoua de sa poussière, le plia de son mieux pour pouvoir le porter et se dirigea vers la maison.
Les hommes en cercle sentirent une immense peur les envahir. Certains lâchèrent leurs armes pour fuir plus rapidement, tandis que d’autres restaient figés sur place. L’un d’entre eux réussit à prononcer, comme pour lui-même " C’est le diable cet homme là ! C’est le diable !"
La femme avait rejoint la maison. La petite fille l’attendait au bas de l’escalier. Elles montèrent doucement, entrèrent dans la chambre du petit garçon. L’homme en noir, sans son manteau, dormait paisiblement allongé sur ce lit d’enfant trop petit pour lui.
A suivre
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Raymond de Cagny