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Le Journal des Ecrivains

DROLE DE GUERRE 27

mardi 26 mai 2009

Souvenirs d’adolescence 38/45

Cliquer pour écouter :

MP3 - 3.6 Mo

LA DRÔLE de PAIX

Je veux vivre autrement…

Je veux quand je m’habille pour aller à la Messe , rester avec la même robe jusquà ce que je me couche. Je ne veux plus faire du vélo pour aller regarder la vitrine d’une boutique où je peux d’ailleurs rien acheter !...

J’en peux plus de vivre comme je vis. Vous comprenez rien tous les deux ! Toi, l’Odette, tu dis rien bien sûr, tu sais que j’ai raison. Tout l’monde t’aime, tout l’monde est content d’te voir…

Tu sais c’que t’es, une hirondelle, une p’tite hirondelle qui r’vient quand y fait beau ! Et l’hiver ? Tu t’rappelles les hivers à Grenois ! avant qu’tu retournes à ton Paris.

Mais, Simone, je n’habite pas Paris. J’habite Mériel, il n’y a pas une seule boutique de vêtements, ni de chaussures, ni de choses amusantes. Il n’y a même pas de cinéma…

Il y a un seul café-tabac, un boulanger, une crèmerie, un boucher, un magasin des Comptoirs français et le Salon de coiffure de papa et maman, oui et deux fermes avec des vaches, des chevaux, des poules, des lapins, j’y vais chercher mon demi-litre de lait tous les soirs…

Je ne vais à Paris, par le train, seulement deux fois dans l’année pour que mes parents m’achètent vêtements et chaussures, alors tu vois !

Oui, mais toi, Jean Marie, tu habites Paris. Tu as des rues, des magasins, même ce que vous appelez les Grands Magasins ! Tu as des cinémas, plein de petites boutiques dans pleins de quartiers différents, des choses d’un autre Monde à voir dans des Musées…

Simone ! C’est la guerre à Paris en ce moment, ça regorge d’allemands, casqués, bottés, armés, devenus méchants en ce moment. Leur guerre ne va pas comme ils veulent. Les gens ne se parlent plus, même les voisins se méfient des voisins…On ne rit plus, on parle peu, on rentre chez soi où il fait froid.

Il y a peu à manger, parce que peu d’argent dans le porte monnaie des parents. Si l’on veut manger à sa faim, il y a le Marché noir, et c’est cher.

Mon grand frère ne sait où aller, il a peur d’être pris pour le service obigatoire et d’être envoyé en Allemagne pour travailler dans une usine d’armement.

J’ai des camarades qui ont une étoile jaune sur leur blouson parce qu’ils ont une religion qui n’est pas la nôtre, je crois.

J’ai un copain au lycée, il fait exprès, lorsqu’il dit ‘Parole d’honneur’ de poser sa main sur son étoile, il essaie d’être heureux malgré tout !

Prêchi-Prêcha !Sois heureuse de ce que tu as ici en ce moment. Parlons avec Odette qui écoute et ne dit pas grand-chose, car elle te connais bien depuis tellement d’années…

L’Odette, elle a une bonne grand-mère, des parents qui disent oui à tout ce qu’elle veut ! Sa mère lui coud des vêtements. Elle lui a appris à tricoter. Elle a le temps de se faire un gilet avec de la laine que sa mère avait dans une armoire.

Moi, bien sûr, j’ai l’père qu’est pas parti à la guerre, j’ai ma mère qui me fait ce qu’elle peut, les trois garçons, et la vieille mégère en prime… J’ai à manger tant qu’je veux, du travail plus que j’en peux faire.

Vous savez bien que les Paysans n’ont pas d’argent, seulement des terres, des bois, des vignes, des vaches. On fait du troc pour le tout venant…

Moi, pauvre de moi ! Il faut que je pleure misère pour avoir quelques pièces. Je me débrouille à vendre mes escargots et les fraises des bois à l’Hôtel de la Poste à Clamecy. Je cueille les fleurs de tisane, je les sèche et les porte à un pharmacien qui me fait confiance.

Je garde bien caché l’argent pour le jour qui viendra où je partirai…

Tu es folle Simone !

Jean-Marie et moi avons crié en même temps.

Ode

A suivre...


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Raymond de Cagny