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Le Journal des Ecrivains

DROLE DE PAIX 8

mardi 6 janvier 2009

LA DRÔLE de PAIX suite

MP3 - 2.8 Mo

Maman avait dit « Pas de lycée à Paris, trop d’heures de train et de métro », nous verrons avec papa, je dois partir pour tout mettre en ordre et l’attendre. »

L’été se traînait en soleil et en orages. Ma forêt résonnait du tonnerre, répercuté par l’écho.

Les blés furent fauchés et liés en gerbes.

Les bords des chemins longeant les fermes se sont garnis de briques de charbon pour alimenter le feu de la batteuse. Elle passerait pour égrainer le blé.

Je prenais plaisir à la voir faire et revoyais, avec une certaine nostalgie, que pour elle, rien n’était changé. Elle était occupée, elle aussi, mais d’une façon pacifique, par les agriculteurs.

Je revoyais tout en haut de la batteuse, la grande taille de mon grand père. Il attrapait de ses mains gantées de fer les bottes qu’il projetait dans le ventre de la machine. Le blé sortait dru et blond. Grand père n’était plus que dans ma tête et mon cœur.

Toute à ma tristesse, je pensais que c’était certainement la dernière fois que je voyais ce travail en commun.

J’avais été invitée, à la ferme de mon amie. Cette Ferme s’appelait « Ferme d’en Haut ». Détail amusant, c’était une ferme à l’autre bout de Grenois, en haut comme le Goujin. Elle donnait sur des prés à perte de vue, et non sur la grande forêt.

Le passage de la batteuse est une fête, comme celle de reposoirs, baptêmes, mariages, communions et … enterrements !

Les hommes et les jeunes gens travaillaient au blé pour l’engranger avant l’orage, l’emmener en sacs au minotier. C’était une bataille gagnée sur le temps qu’il pourrait faire demain.

Les femmes et les jeunes filles ou fillettes se tennaient aux fourneaux d’été, à l’épluchage, au puits, aux jardins pour la cueillette des salades, des herbes à ajouter aux ragoûts.

Il fallait nourrir et abreuver les hommes fatigués, mais heureux.

Je pensais, en jacassant et en écoutant mes ainées s’user la langue, qu’un poulailler envahi par une fouine ou un renard n’aurait pas fait autant de bruit.

Et les tables revêtues des draps blancs reprenaient un air de fête.

Les poulets grillaient,les travers de porc, sortis des saloirs, bouillonnaient avec les légumes. Les fromages au lait de vache étaient à l’air libre. Les gâteaux cocottes vous faisaient venir la salive en bouche, le vin restant de la dernière récolte avait été bien caché à nos vainqueurs. Ceux-ci étaient loin, loin de nous et de notre patrimoine que nous portions en nous ce jour là.

Je débordais de joies encore partagées.

Mais le soir était tout noir… avec grand-mère Perrine, bien seule aussi !...

Ode à suivre


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Raymond de Cagny