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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix 17

mardi 10 mars 2009

DRÔLE de PAIX suite

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MP3 - 3.1 Mo

Et de descendre à bride abattue le Goujin, en agitant largement les bras vers Mémée Perrine qui s’attaquait à l’oseille pour le souper !

La Maison de la Moineaude était la même que dans mon souvenir, cela me fit plaisir.

J’avais mes sandalettes en toile blanche, plus très fraîches, parsemées de taches provenant de l’huile noire de la chaîne de vélo qui avait sauté plusieurs fois lors de mon trajet Clamecy / Grenois.

Je pris à droite le Chemin Creux (c’était son vrai nom !) qui menait aux prés de Simone. Je soulevais la poussière et les gravillons, faisant fuir également les grosses sauterelles aux ailes bleues ou roses.

J’aurais bien voulu en attraper une, comme autrefois, mais le temps n’était pas à cet interlude !

L’air attiédi de la soirée me soûlait . J’ouvrais la bouche comme une noyée. C’étaient mes odeurs de gamine qui me revenaient : les foins coupés, frais ou déjà coupés.

Les acacias étaient encore fleuris, et leur parfum me fit repenser aux délicieux beignets de grand-mère !

Tout en continuant à courir, mes pensées se fixaient sur les beignets que je demanderai à Perrine, demain.

Mais il faudrait l’échelle pour arriver aux fleurs de l’acacia qui était derrière la ferme ! Pourvu que l’échelle ne soit pas partie ailleurs !

Sinon, j’irai chez le père Barillot, d’ailleurs il faudrait que j’aille remplir mes devoirs de politesse chez tous ceux que je connaissais . Ils se moqueraient de moi, bien sûr, en disant : "Tiens, v’là la parisienne rev’nue" !

Sortant de mon brassage de pensées, j’aperçu l’arrière des vaches blanches de Simone.

Les chiens de bergère, en l’occurrence, se mirent à aboyer.

Les vaches se mirent à caracoler, et Simone de lever son bâton en braillant et sur les vaches et sur les chiens avec des mots de patois que je n’avais plus entendus depuis longtemps…

"T’en a mis un temps ! Paix les chiens" !

"Je n’suis plus habituée, Simone, essaie de m’ comprendre, je suis un peu perdue" !

"Ben ! faudrait un peu te r’trouver ! car moi, j’ai l’père, les frères, la garce de grand-mère et j’peux pas faire c’que j’veux" !

Je me suis retenue de pleurer !

Elle vit mon désarroi et posa son bâton, pour me serrer contre elle !

Je lui demandai si elle pourrait déjeuner avec moi le lendemain. Son père et sa mère avait déjà pensé que Perrine inviterait mon amie de communion.

Donc c’était oui ! Il faudrait qu’elle revienne pour la nuit des vaches !

Si j’étais debout à 6 heures du matin, je pouvais la retrouver en bas du Goujin pour le même chemin que ce soir. Bien sûr que je viendrais, je ne voulais pour rien au monde louper la rosée du matin .

Elle m’apprit que ses parents seraient contents de me voir. Son père s’était enquit de ma sagesse !

Ses parents m’attendraient pour déjeuner, après la Grand’Messe du dimanche à venir.

Ils avaient ajouté "Elle y vas t’y encore seulement" ?

Je n’osais pas trop lui parler du Cadet, son frère que je préférais entre tous… La finaude me dit "y m’a d’mandé comment qu’t’étais, si t’avais grandi, si t’avais une robe, ou un pantalon" ?

Voilà ! Ca y était, ma taille ! J’allais penser à ça toute la soirée !

Ode à suivre ...


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Raymond de Cagny