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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix 18

dimanche 15 mars 2009

Souvenirs d’enfance 1938-1945

LA DRÔLE de PAIX cliquer pour écouter :

MP3 - 2.9 Mo

Mais, la soirée ne commencerait qu’à mon retour à la Maison de Perrine.

Ce n’était plus la Ferme de mon enfance, plus de vaches, plus de juments, juste un clapier et un poulailler pour ses menus menus !

A y penser, le cœur me faisait mal.

Sans ses vaches au retour avec la Simone, nous avons bavardé de choses et d’autres, dit des bêtises, du bien et du mal des habitants, en nous agitant et en sautant du coq à l’âne… c’est le cas de le dire et de l’écrire !

Je lui promis d’être en bas du Goujin, à 7 heures sonnantes au clocher qui clochetait le nombre d’heures, et un coup tous les quarts d’heures (pas très pratique pour les demies heures).

Mémée était, comme les étés d’autrefois, assise sur une marche de pierre qui montait avec d’autres à la Grand’Salle commune.

La soupe était "trempée" ainsi que disait Perrine. Je vous traduis : lorsque l’oseille a frit légèrement dans le beurre, que l’eau chaude a baigné le tout avec le gros sel, il faut couper le pain rassis en petits morceaux, les jeter dans la casserole, couvrir et laisser "tremper". La crème se met au fond de l’assiette creuse.

Ainsi que je dis toujours "Voilà l’travail" !

Je saoulais grand-mère avec mes questions qui se suivaient comme un tir de mortier !

"Mémée, qui te garde tes poules et tes lapins lorsque tu viens à Mériel pour 3 ou 4 mois ?"

"C’est la Pajote, ma fille. J’m’arrange avec elle. J’la paie pas, elle mange pour rien, em’rend le même nombre d’poules et d’lapins quand j’rentre. Elle cueille aussi c’qu’est dans l’jardin.

J’lui donne du blé pour les poules, elle va à l’herbe pour les lapins avec ses p’tites de l’Assistance.

Tiens ! vas don lui donner l’bonsoir avant qu’elle mange. Si t’y vas pas, elle f’ra le groin, et ça n’arrangera pas nos affaires !

J’mets les assiettes à soupe et les coq’tiers. J’ai pris du pain frais au Corneur c’matin . (boulanger passant par tout le village avec une auto, une trompe en caoutchouc bruyante, une balance pour peser le gros pain (avec tickets)"

Rien n’était changé, et cela me plaisait bien !

Je fouillai dans mes bagages, pris une petite bouteille de lotion au chèvrefeuille (marque Coty) et filai juste de l’autre côté du chemin .

Elle aussi avait une maison à marches, mais avec une rampe, puis en haut de la volée de marches, une grande dalle de pierre bien brillante, une vraie porte, sans interstices dans le bois, avec un cercle de fonte pour heurter.

Ce ne fut pas utile. La Pajote était derrière ses rideaux de crochet, amidonnés, qui se soulevèrent.

La porte s’ouvrit d’un seul coup.

Notre voisine avait la larme à l’œil.

Elle me "bisa" deux fois sur chaque joue, je fis de même.

Te voilà don l’Odette, t’es ben gente, mais pas grosse !

Allons bon ! me dis-je, là ce n’est pas la hauteur, mais la largeur !

Ode à suivre...


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Raymond de Cagny