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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix 39

lundi 6 septembre 2010

Drôle de Paix

Souvenirs d’adolescence 38/45

La Marie avala sa salive et dit :

- Mon père, Simone ne veut plus rester à la Ferme. Elle veut trouver du travail à Clamecy, dans des bureaux. Le Maurice ne veut rien savoir, ni en entendre parler. Vous savez ses colères et la tête de mule de Simone.

- Marie, ne vous faites pas mal. Toute repose sur vous. Quatre hommes dans le besoin, dont 2 ont encore la goutte au nez, malgré le travail qu’ils abattent. Vous avez bien fait de venir…

- Simone, est-ce que tu imagines que Clamecy a un besoin spécial de toi ? Tu es bien présomptueuse, je te l’ai dit et redit plusieurs fois. Tu n’es pas Sténo dactylographe. Tu n’es pas paresseuse, loin de là. As-tu envie de devenir "bonne à tout faire" ?

- Non, monsieur le Curé, il faut que j’aille chez Pigier.

- Et qui paiera les cours ? Ce n’est pas gratuit que je sache ?

- Je ferai des ménages, n’importe quoi, mais plus de vaches, de chèvres, de lessives, de chemins boueux…

- Tais-toi ma fille, j’ai honte de toi rugit la Marie.

- Ma chère Simone tonne le Curé, tu déparles devant ta mère qui endure cette vie pour vous tous (voilà que notre Curé a employé un mot morvandiau, il faut qu’il combatte un penchant à la colère !) Calme toi et envisageons, je dis bien envisageons. Il manquera une personne à la Ferme si tu trouvais du travail à Clamecy. Il, faudrait payer de tes deniers un journalier pour te remplacer. Il faudrait que tu trouves un logis, te rends-tu compte du pouvoir du mot "si" ?

- Mon Père, Simone partira n’importe quand, n’importe comment, je le sais et j’en pleurerais jusqu’à ma fin dernière.

- Marie, je pense à quelque chose. Rien de certain. Ma sœur est en amitié avec la sœur d’un prêtre de Clamecy avec qui j’étais au Séminaire. Peut être Simone pourrait-elle vivre au Presbytère en sécurité.

Cette famille répondrait d’elle afin de trouver un emploi, un salaire pour Pigier. Elle devrait bien entendu avec sérieux et sourire, participer à la vie de l’Eglise et du Presbytère. Ce ne seraient plus les vaches et la boue, mais d’autres choses.

- Marie, je parlerai à Germaine de cette Affaire en déjeunant. Je vous laisse aller à vos occupations et souhaite que Simone les partage.

Et moi de penser : Ite Missa est…

Ode A suivre…


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Raymond de Cagny