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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix "53"

lundi 7 novembre 2011

Souvenirs d’adolescence 1938/1945

DRÔLE de PAIX

"P’tite t’en as déjà 3, te v’là parée !"

"Mais, qui d’autre ? J’avais pensé au frère de la Valentine "

"Oh ! Ma chère petiote, faudrait être sûr de son état. Nous, après la Grand-Messe, on est calmes et assoiffés quand même. Lui, le païen, il est au bistrot chez la Jeanne, vu que c’est sa femme ! Y prépare les chopines qu’il dit ! Mais il les a déjà tâtées…le bougre !"

"Oh ! Père Barillot, je n’ose pas demander à Victor, le commis de notre Maire ! "

"T’es pourtant de la classe de sa fille, tu cours comme elle sur tes 15 ans. Tu la fréquentes pas bien ? C’est sûr, t’aimes mieux la Simone ou bien les juments du Louis ! "

"Oui Père Barillot ! La Denise de Monsieur le Maire ne me plait pas. C’est une bêcheuse ! "

"Ben, ça alors, j’la vois pas en train d’bécher ! Foi d’Barillot ! "

Et on éclate de rire, mon porteur de dais préféré se tape sur ses cuisses en velours côtelé…

"Toi, rentrée chez la Perrine, j’m’en vas chez l’Maire quérir le Victor pour le 15 Août. C’est ben l’jour qu’a crié l’garde champêtre avec son tambour à travers tout l’pays ? Lui aussi, à la fin d’sa tournée, il était fin gris ! Ah ! Ah ! "

"J’aurai besoin encore de votre force pour sortir la maie de grand-mère pour le reposoir au coin du vieux chemin. Peut-être l’avant-veille du 15 Août pour que j’ai le temps de le garnir joliment. "

"Toujours d’accord ma fillotte, j’trouvrai des costauds pour m’aider…

"Merci, merci, je vous aime aussi fort que j’aimais mon Pépé ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! La Moineaude sera de la Procession cette année, j’en fais le serment ! "

"M’étonnerait fort, parierait pas mes sabots dans c’t’affaire ! Mon r’rgret c’est qui faut que j’mette des chaussures et des chausses ! "

"Oh ! Il faut que vous les portiez un peu quelques jours avant durant quelques heures pour vous y habituer…"

"Allez, sauve t’en ! "

Les 3 bises, moi haussée sur la pointe de mes sandales, lui baissé de plus de la moitié …

Et de me dire, en 2011, voilà l’travail !

Ode A suivre


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Raymond de Cagny