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Le Journal des Ecrivains

PAIX 23

lundi 20 avril 2009

Souvenirs d’adolescence 1938/1945

DRÔLE de PAIX cliquer pour écouter :

MP3 - 3.3 Mo

J’étais heureuse et fière aussi . Je me passai les mains et les bras sous l’eau de la pompe après l’avoir actionnée à tours de bras, comme il se doit !

Simone s’était débarrassée du lait dans les deux gros bidons pour le Ramasseur.

Elle avait fait toilette. Ses cheveux étaient encore mouillés , mais ils sècheraient en route et friseraient alors.

Les garçons n’étaient pas en vue. Le père Maurice était à l’écurie des juments. La Marie préparait le "midi" ainsi qu’elle appelait le déjeuner ! Les chiens étaient déjà servis, et ne levèrent pas le museau de leurs écuelles à notre départ…

Je secouai mes bras et mes mains encore humides et ratrappai mon amie qui avait repris son sourire, je dois dire toujours un peu narquois. Mais il fallait que je m’y habitue…

"L’Odette on va passer en haut, par le chemin des vignes, ça va plus vite et en passant on pourra voir s’il y a quelques fruits à marauder dans les vignes de ta grand mère".

"Ah ! oui, les pêches de vigne à la peau rouge violet. Dis moi, Simone qui s’occupe des vignes de grand-mère" ?

"C’est l’père Barillot, bien sûr ! Elle ne le paie pas, il fait le vin et lui emplit un petit tonneau qu’il lui met en perce avec un p’tit robinet. Avec les prunes qu’il entasse , il tire des litres de goutte quand passe le Bouilleur et lui donne deux ou trois bouteilles. Elle doit vous en apporter à Paris sûrement".

"J’aime bien le Père Barillot, Simone ! Il est brave avec grand-mère. Il lui scie son bûcher qui est rangé le long du mur de la Ferme". "Je l’aime pas moi… Il est cul et ch’mise avec ma vieille garce de grand-mère paternelle. J’aime mieux pas qu’il lui parle de moi et de qui je vois" !

Je trouvais que Simone était aigrie et triste. Je me promis de lui demander pourquoi, cet après midi.

J’aimais bien passer par le chemin des vignes qui était en hauteur par rapport à nos Fermes respectives . A droite, les ceps qui continuaient à monter, en rangées bien alignées, le chemin rocailleux, et, en pente, des petits champs inclinés plantés d’acacias qui embeaumaient.

Je pris la main de Simone, qui, plutôt que la main, me donna le bras. Je n’avais pas encore cette habitude de grande personne.

"Odette, dimanche , tu viens déjeuner à la sortie de la Messe. On prendra nos vélos. On ira pas à Clamecy, c’est trop long. On ira à Brinon. Je dois rencontrer ce garçon dont j’t’ai parlé vaguement, un parisien, lui aussi"…

"Mais, Simone, je ne suis pas parisienne, j’habite à plus de 20 km de Paris" !

"Mais, c’est tout comme ! Odette, j’ai besoin d’le voir et d’lui parler. J’m’ennuie ici. J’en peux plus, des vaches, des frères, d’la grand-mère, des matins, des soirs, des dimanches , de tout et tout et tout"…

Et les larmes de lui couler, sans bruit.

Mon Dieu ! Elle était malheureuse. Que faire ?

Je ne reconnaissais pas les rangées de vigne de Grand-mère…

Elle, oui !

Je compris brusquement que c’était son horison… Moi, j’aimais Grenois pour mon enfance passée. Il m’aurait été impossible d’y rester une année entière, simplement en me servant d’un vélo pour changer d’endroit !

Il y avait des pêches de vignes ! Petites, à la peau duveteuse et rouges de chair…

"On reviendra demain, après les vaches, dis-je, hâtons nous de voir le frichti de grand-mère Perrine" !

Et de nous encourir vers le Goujin…

Ode

A suivre...


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Raymond de Cagny