Dans la même rubrique
Annonces

Toutes les annonces

Meubles de Demeure Familiale à Vendre

MEUBLES A VENDRE clic sur suite article pour voir photos Coffre (bureau) (...)

Publier une annonce

Le Journal des Ecrivains

PAIX 25

mardi 12 mai 2009

Souvenirs d’adolescence 1938/1945

LA DRÔLE DE PAIX cliquer pour écouter :

MP3 - 3.1 Mo

Grand-mère nous fit grâce de la vaisselle et nous vit partir avec nos bicyclettes.

Pour la rassurer, je lui dis que nous allions à Brinon, et non à Clamecy.

Elle nous mit en garde quand même.

‘Il y avait aussi des teutons à Brinon, les écoutez surtout pas, les regardez même pas, ici on n’en voit jamais c’est tant mieux !’

Nous primes ‘le Vieux Chemin’ en bas du Goujin avant de rejoindre la route qui menait à Brinon.

Après Asnan, sur le bord d’un chemin, attendait ‘Le Parisien’, vélo de course couché sur le bas côté.

Je vis que Simone était rouge comme une tomate… Cela me mettait mal à l’aise.

Il était brun, un peu Parisien en vacances, pantalon à plis, espadrilles quand même, chemisette blanche, sans chaussettes.

Il me tendit la main. Bonne poignée de main… Jolies dents sous franc sourire.

- Vous êtes Odette, la camarade de communion de Simone. Je suis Jean Marie Sabouré vous connaissez ma grand-mère. Elle m’a parlé de votre enfance à Grenois.

- Oui, je suis une réfugiée, et j’ai repris le chemin de la Maison d’école de Grenois et passé avec Simone mon certificat d’études à Brinon, l’an passé.

- Alors allons y, à votre Brinon…

Simone fonça sur son ‘biclou’ , juste à côté de Jean Marie. Ils se mirent à rouler côte à côte, lui, la main gauche sur son guidon, la droite tenant la main gauche de Simone.

Il ne l’avait pas embrassée… Stupéfaction de ma part. Moi, j’embrassais Pierre et Jacques, les garçons de ma cour, à Mériel. J’avais embrassé ses frères, que diable ne l’embrassait-elle pas ?

Mystère, que j’éclaircirai ces jours-ci !

Je restais assez loin derrière eux.

J’ai la chance de ne jamais m’ennuyer. Tout, pour moi, est source d’intérêt : une buse dans le ciel qui cherche une proie et qui pique. Elle n’a rien eu. Je pense que le mulot est rentré dans son trou. La buse n’attendra pas que le mulot ressorte, je le sais depuis toujours… Elle remonte haut dans le ciel, un coup d’ailes, elle plane et guette et replonge, etc, etc …

Je compte les papillons blancs. Signe de beau temps dit maman. Forcément, c’est bien rare de les voir voleter sous la pluie !

Une couleuvre a été écrasée sur la route. Pauv’bête ! Je pose mon vélo et trouve une badine pour la pousser sur le talus. Je me dis qu’elle est assez écrasée comme çà !

Je ne vois plus mes deux amoureux ! Mais sont-ils amoureux ? L’est-il lui ? Je ne pense pas que Simone le soit.

Elle aime ce qu’il représente : la ville, les rues, les magasins, finis les champs, plus de vaches, plus de frères, plus de vieille grand-mère mauvaise, etc … etc…

Je remonte sur ma selle qui est bien chaude ! Je pédale à tire larigot et je les aperçois, sous un noyer, assis dos à dos… C’est drôle quand même, ils parlent sans se regarder…ça alors !

Je stoppe à nouveau et cueille je ne sais plus quoi, pour en faire un bouquet et surtout pour gagner le temps de savoir quoi faire …

Ode

A suivre...


Réagissez à cet article, votre avis nous intéresse :
redaction@valeurs-francaises.fr

Raymond de Cagny