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dimanche 22 novembre 2009
LA DRÔLE DE PAIX
Souvenirs d’adolescence 38/45
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Mémée voulut faire visiter son jardin extraordinaire à Jean-Marie. Il était tout à fait d’accord.
Et nous voilà parcourant les allées en bavardant. Perrine était heureuse comme tout.
Très habile le Jean-Marie, peut être très sincère aussi, difficile de le situer dans mes souvenirs ; En tout cas il devait être intelligent et très en avance par rapport aux jeunes garçons de notre campagne.
"Madame, vos tomates sont bien plus mûres que celles de grand-mère ! Je crois qu’elle ne les arrose pas assez…"
"Jean-Marie, ne me donne pas du Madame par ci, madame par là !Dis Perrine comme les gens d’ici. J’connaissais ta mère de toute petite, et toi, pas plus grand qu’un Jésus dans tes langes !"
Quelle histoire ! me disais-je ! Voilà Perrine la tête tournée par un jeune garçon. Ce n’était pas le Père Barillot, mais c’est vrai que grand-mère avait peu d’hommes dans ses pratiques, comme elle disait !
J’aperçus la Pajote qui tournicotait pour voir une peu ce qui se passait d’inhabituel dans son voisinage, sans qu’elle ne soit informée !
Viendrait-elle jusqu’à nous pour en savoir plus ?
Oui, elle vint !
"L’Odette, j’t’avais dit d’venir manger avec nous c’dimanche, pas d’nouvelle, les P’tites d’l’Assistance voudraient ben t’voir… Ben vrai, c’est toi l’Jean-Marie qu’a à c’t’heure des culottes longues ? Dieu qu’t’as forci. Tu me r’connais quand même ?"
"Oui, bonjour Madame Pajot, je n’oublie pas Grenois, ni ses habitants !"
"Dieu ! qu’t’es aimable et ben obligeant ! Ta grand-mère peut être fière… Y a d’quoi !"
Le temps passe…
Et soudain une galopade, c’est Simone toute essoufflée qui nous dit : "Ma mère est en bas à la Maison de la Moineaude avec les vaches. Elle vient avec nous !"
"Allez y, dit Perrine, j’y vas pas, faudrait que je m’chausse. La Simone revient avec la Marie, je r’mets la Frênette au frais, vous la boirez en rev’nant. Comme ça vous passerez par les vignes pour r’trouvr vot’ Ferme d’en Haut. Allez !"
Madame Pajot a le nez baissé !
Grand-mère qui la pratique depuis plusieurs années sourit dans sa barbe (qu’elle n’a pas d’ailleurs, ou très peu !)
"Toi, la Pajote, tu verras bien du haut de ton perron quand elles reviendront du pré, alors viens t’en à c’moment là !"
Et nous filons tous les 3 retrouver la Marie.
"Pas besoin d’courir, s’esclaffe Simone, la Mère sait bien aller à notre champs, c’est presqu’à Taconnay !"
"Ce n’est pas correct, dit Jean-Marie, ta mère a fait une partie de ton travail, il nous faut la rattraper et bavarder gentiment avec elle !"
Simone fait son "groin". Je sais bien pourquoi moi qui la connais depuis l’enfance. Elle a peur de son père, comme la Marie d’ailleurs ! (son père est un brailleur à la main leste). Elle en veut à sa mère de ne pas la soutenir dans son idée "d’aller ailleurs".
Je donne raison à Jean-Marie. Simone est bien obligée de courir avec nous jusqu’aux derrières des vaches ! Voilà le chien Finaud qui vient au devant de nous, il a reconnu sa bergère habituelle. Jean-Marie lui gratte les oreilles. Simone reste de glace…
Elle commence pleinement à me contrarier. C’est la première fois que je la trouve sans cœur. Bêtement, je pense que son cœur est passé en totalité à ce Parisien en vacances. Je ne peux m’empêcher de lui lancer :
"Tu ferais mieux d’aimer ta mère davantage, sa vie est encore moins drôle que la tienne avec les 4 hommes qui ne sont pas des cadeaux. Il n’y a qu’elle qui peut t’aider à sortir de la Ferme, bien que ton départ ne serait pas une bonne affaire pour elle. Elle est très bien placée pour savoir ce qu’une femme doit supporter là-haut."
Et Jean-Marie de continuer sur ma lancée : "Fais en ton alliée, petit à petit tu lui dis à elle ton envie d’aller à Clamecy chez Pigier, pour devenir employée de Bureau, Voilà !"
Et moi, à ma façon, je prends la main de Simone et je lui dis…Et voilà l’travail !
Ode A suivre...
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Raymond de Cagny