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lundi 6 octobre 2008
RENAULT VIVA GRAND SPORT DÉCOUVRABLE,
Je suis très attaché à cette voiture. Je vais vous dire pourquoi ...
Cette voiture a appartenu à mon père. Il m’en a fait cadeau lorsque je suis revenu de l’Armée. A l’époque, pauvreté oblige, je roulais en 2 cv.
Je n’ai pratiquement pas utilisé cette voiture.
Son 6 cylindres en ligne était gourmand, trop gourmand pour une très petite bourse.
23 cv et un réservoir de 100.litres quand même...
Ce que j’ai en mémoire sont plutôt les sorties nocturnes que j’ai faites avec, bien avant que mon Père ne me l’offre.
Nous avions dans le garage les 2 voitures de mon Père. Dès l’âge de 14 ans, j’ai appris à conduire avec un de "mes potes".
Jacky était un vrai débrouillard. Il vivait avec sa maman, veuve, dans un joli pavillon à St Leu La Forêt près de chez Rellys l’acteur de cinéma que nous appelions Croquignol, tant il ressemblait, selon nous, à l’un des Pieds Nickelés.
Un ami de la maman de Jacky remisait sa Fiat dans leur garage.
Celle-ci y séjournait de longues périodes sans rouler. Premièrement parce que l’essence était rare en cette période d’après guerre ; deuxièmement parce qu’à l’époque les gens roulaient très peu ; troisièmement parce que le propriétaire de cette Fiat habitait Paris.
Aussi, l’Ami Jacky avait-il, un beau dimanche, subtilisé la clé de contact de celle qui nous faisait rêver.
Il en avait dessiné les contours sur une feuille de papier.
Après l’avoir découpée, il appliqua le papier sur une plaque d’aluminium, non sans l’avoir mouillée préalablement.
Il contourna le dessin de la clé avec une pointe à tracer, retira le papier et commença à découper l’aluminium avec une scie à métaux, après avoir placé la plaque dans l’étau.
Il termina son délicat travail à la lime et au papier de 400 utilisé mouillé et savonné comme nous l’avions vu faire par Marcel ZACHARIE,carrossier automobile, que nous appelions « Le ZAC ».
Le papier de 400 est un abrasif très fin. Le fait de le mouiller et de le savonner permet de le passer sur les mastics ou sur une peinture sans laisser de trace de rayures.
Il suffit ensuite de polir la surface avec une pâte à lustrer pour obtenir un glacis du plus bel effet.
La maman de Jacky travaillait. En son absence, nous avons eu tout loisir pour essayer la clé dans le contacteur de la Fiat. Après une ou deux rectifications, le moteur ronronna.
Jacky ne manquait ni d’imagination, ni d’adresse.
Le propriétaire de la Fiat laissait les glaces de portières entrouvertes d’environ 2 cm, pour permettre la ventilation intérieure du véhicule, pendant ces longues périodes d’immobilisation.
Cette aubaine avait évité à Jacky de faire une clé pour l’ouverture des portières.
Il lui avait suffi de placer un anneau à rideau au bout d’une petite ficelle, de faire courir celle-ci le long de l’intérieur de la portière, de le passer dans la manivelle pour descendre suffisamment la vitre et ouvrir la portière.
Les enfants et les adolescents ont bien souvent une imagination que n’ont plus les adultes.
Celle-ci ne leur revient qu’en cas de grande nécessité, tels : la guerre, l’emprisonnement, la crise, etc.etc.
Pour en revenir à la VIVA GRAND SPORT, après que Jacky m’eût appris à conduire sur la Fiat (ce que je vous raconterai un jour) je me suis offert quelques sorties nocturnes, cinéma, sorties chez les copains ou autres avec cette voiture volumineuse.
Un soir où j’avais garé la VIVA GRAND SPORT sous un réverbère allumé, proche du cinéma de Taverny, rue de Paris, je suis allé voir, avec mes copains, IVANOHE avec CORNEL WILDE.
Les films américains faisaient notre joie et nous trouvions sublime le technicolor.
A la fin du film, tous, enchantés de la soirée, nous nous sommes dirigés vers la voiture.
Le réverbère était éteint, la nuit noire, la voiture invisible sans aucun feu de position allumé.
Notre sang n’a fait qu’un tour. Je crois bien que j’en tremble encore.
Pourtant, fidèle à son poste, la VIVA était bien là.
Je n’ai jamais oublié la leçon. Toujours être visible est l’une des priorités en matière de sécurité automobile.
A très bientôt pour une nouvelle histoire vraie.
Votre Jean Raymond.
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Raymond de Cagny