La Tribune des Valeurs

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Elle a joué avec lui et sans lui.

Avec lui, ‘Crime et Châtiment’, bien sûr, ‘Des Souris et des Hommes’ de Steinbeck au Théâtre de Paris et en tournée à Genève, ‘Lorna et Ted’ de John Hale au Théâtre de Boulogne-Billancourt, au Petit Marigny et en tournées.

Sans lui, dans ‘Le Cauchemar de Bella Manningham’ adapté par Frédéric Dard et ‘La Maison de Poupée’ d’Ibsen.

A l’écran, Monsieur Hossein l’a dirigée, avec plaisir dans ‘Les Misérables’ en 1982 où elle fut ‘Éponine’.

En 1982, il força donc Lino Ventura, Jean Carmet et Michel Bouquet à endosser respectivement les costumes d’époque de Jean Valjean, Thénardier et Javert, dans son film ‘ Les Misérables’.

Monsieur Hossein a un mauvais souvenir de son spectacle à Mogador sur le maccarthysme. Les acteurs n’y étaient pour rien, d’autant plus qu’ils avaient noms : Jean Topart, Roger Hanin , Paul Guers et Yolande Fauliot…

Il dit qu’il y avait inadéquation entre le sujet et le lieu : Mogador. Adieu le Théâtre Mogador !

Bonjour le Théâtre de Paris !

Il put le gérer à sa guise. En 2 années, il séduisit un public populaire avec ‘Crime et Chatiment’ de Dostoïevski, ‘Des souris et des Hommes’ de Steinbeck et ‘Le Procès de Jeanne d’Arc’ pièce inspirée de Bresson.

Ce Théâtre de Paris était Sien : la chaufferie, les grilles, les gens du ménage, les caissières, il les aimait tous. Cependant , se trouvait un huissier en habit qui dormait la plupart du temps, n’était au courant de rien, ne voyait rien, mais sa stature vêtue impressionnait.

Tel en est il, qu’un beau jour, Monsieur Hossein lui demanda, au milieu de la matinée ‘Monsieur Hossein est-il arrivé ?’
  Non, Monsieur ! répondit-il en se rendormant à l’écart…

A un certain chapitre de sa’Nostalge’ il s’autoanalyse et s’autocritique même.

C’est excessivement intéressant de comprendre ce qu’il a pu ressentir en étant multiple : acteur au cinéma, comédien au théâtre, metteur en scène (tout court) metteur en scène interprète, directeur de théâtre, auteur, auteur acteur et même auteur-acteur-metteur en scène, ’6 hommes en question’.

Il n’a jamais eu le temps d’entendre les compliments…

Au moment où tout est OK, il était trop occupé. Si les spectateurs étaient heureux, il était heureux, mais n’avait pas le temps de savourer son bonheur. Il se dit être dans un perpétuel état d’inquiétude.

On le dit angoissé. Pour lui, l’angoisse est à tous les échelons. On n’a pas le trac durant les répétitions. Il arrive juste avant la Première et s’installe en tyran. Peu à peu, il se calme.

Si l’acteur ne se pose pas de question lorsque tout est en place, en revanche c’est le contraire pour le metteur en scène. Il doit réfléchir en permanence, donner un sens à tout, être en accord parfait avec l’auteur. Il lui faut de la lucidité.

Dans ‘Huis clos’, il passe d’un état à un autre : acteur ou metteur en scène. Il dit que par cette expérience, l’angoisse est différente, passant de l’un à l’autre. Quant à celle de l’auteur, c’est encore autre chose !

Monsieur Hossein a la vocation du Théâtre. Il aime et sait créer l’atmosphère de ses montages. Lorsqu’il a monté ‘La Maison de Bernada’, il a su créer un monde dans l’ombre avec au dehors, un soleil éclatant. Il y a mis toutes les musiques typiques espagnoles et même les grillons…

Alors, contre sa nature même, il essaie de s’assagir et de respecter une certaine mesure. Par exemple : son rêve de folie serait de faire revivre Gengis Khan !...

Ode

A suivre...