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Le Journal des Ecrivains

DROLE DE PAIX 20

lundi 30 mars 2009

Souvenirs d’enfance 1938/1945

LA DRÔLE de PAIX cliquer pour écouter :

MP3 - 3.2 Mo

Je faisais, vite fait bien fait, ma toilette dans la petite pièce du fond. Il fallait vider l’eau sale dans un seau en émail bleu, lui aussi et en jeter le contenu sur le tas de fumier…

Je ne mis pas mes sandalettes, mais des mi-bottes en caoutchouc et dévalai le chemin du Goujin après avoir embrassé Perrine.

"A midi, grand’mère pour déjeuner avec la Simone".

La Simone était assise sur le socle du calvaire.

"Te v’là, t’es à l’heure"

Elle regarda sa montre qui datait de sa première communion, comme la mienne d’ailleurs.

Il faisait frais. La rosée était bien là ! Les premiers rayons se levaient eux aussi. Le ciel était débarassé de la nuit. En levant le nez, je vis que la lune était sa voisine bien pâle et blanche, en croissant, dans le bleu qui allait devenir de plus en plus bleu, c’était le dernier quartier.

Je faillis tomber à avoir le nez en l’air. Simone me flanqua une bourrade. Elle était très étonnée que je trouve tout ça beau .

Evidemment, elle passait d’un travail à un autre,sans pouvoir apprécier ce qui était son univers.

Pour moi, c’étaient les vacances, tout était neuf. Je rentrai en moi-même et me demandai si je pourrais faire ce qu’elle faisait à longueur de journées, de saisons et d’années.

"Tu dors encore ou quoi ? Tu parles pas ,c’est étonnant ! On r’monte les vaches, on les trait, j’me lave et on r’partira, par les vignes, manger chez la Perrine.

L’Père m’a donné jusqu’à la fin d’l’après-midi. J’ai plein d’choses à t’dire, et on aura plein d’choses à faire pendant qu’t’es à Grenois".

Les chiens de bergère qui avaient pour nom Brigand et Finaud, couraient de part et d’autre, heureux de ne pas travailler.

Nous arrivions au pré. Je l’aidais à ouvrir la grande barrière fermée par un tronc d’arbre posé à l’horizontale dans deux cercles de fonte fixés de chaque côté dans un gros pieu.

Pas étonnant qu’elle ait des bras musclés, pensais-je…

Les chiens n’eurent pas besoin de directives, ils les prenaient tout seuls, jappant de gauche à droite pour former le troupeau des 6 vaches aux pis gonflés.

Tout se passait dans un ordre établi. Cela me semblait facile…

Nous traversâmes le village déjà réveillé et bruissant. La forge était ouverte.

Le forgeron et son aide "jeunet" ferraient un cheval, une jument attendait son tour.

"Ah ! les gamines, que l’bonjour vous soit donné ! Te r’voilà l’Odette à la Perrine, t’as laissé tes parisiens" ?

Le Père Barillot fendait une bûche sûrement pour son poêle de dehors . Il avait ses sabots de bois et son uniforme de velours côtelé.

Il vint jusqu’à moi. Il était content de me voir et me bisa 3 fois. Sa barbe longue était douce et bien peignée comme celle qu’avait grand père.

Il lança "Bien l’bonjour la Simone ! T’as r’trouvé ta commère de communion" ?

Simone lui fit un signe de la main et me cria "tu m’rattrapes vite fait" !

Le Père Barillot continua "L’Odette viens quand tu veux, j’ai encore des noix de l’an passé, j’t’en ferai cadeau d’un plein panier. T’as d’bonnes dents, toi . Pour la Perrine j’ai une p’tite bouteille d’huile que les Chleux n’ont pas vue… A la r’voyure, petiote" !

Mon Dieu ! ce petit nom qu’il m’avait donné ! ce matin là était une belle promesse pour la journée !

Ode

A suivre


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Raymond de Cagny