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Le Journal des Ecrivains

La Boite aux Trésors N°3 (suite abonnés)

dimanche 4 mai 2008

La Boite aux Trésors Suite Abonnés

AUDIBLE :

MP3 - 2.8 Mo

S’étant vue dans la glace avec ça sur la tête, elle avait décidé que jamais elle n’irait à la messe avec ce chapeau. Tous les enfants du catéchisme la regarderaient. Elle en rougissait par avance. Le dimanche matin l’avait vue, chapeautée de force, descendre la route du Goujin, rasant les murs de pierres, traînant exprès pour arriver en retard à l’Office.

Quand elle arriva à l’allée des tilleuls montant vers l’église, elle fut prise d’une envie irrésistible de fuir, elle obliqua derrière l’église et attendit un long moment. Elle entendait " l’asperges-me "repris en cœur par ses amis. Elle était paniquée à l’idée des regards jetés sur elle et sur le chapeau…

Elle était cependant entrée, restant au seuil, derrière un pilier, près du bénitier, debout tout au long de la messe. Son amie la poussa, elles sortirent en courant dès le premier tilleul. Elle ne voulait surtout pas que les garçons la voient.

En passant près du " Gueur ", elle avait eu une idée splendide. Elle avait dénoué le nœud du chapeau et le tout avait volé dans les airs pour amerrir dans l’eau sale et verte. Quelle satisfaction ! Et quelle correction en perspective, mais ceci valait bien cela…

La maisonnée avait failli s’étrangler. Les orties étaient entrées en scène. Bien plus tard, grand-père avait récupéré et planté le chapeau sur un manche à balais pour en faire un épouvantail ! …

Le cœur de la Vieille-Dame bat doucement, régulièrement. Elle respire les odeurs de son enfance. Un visage lui revient…le cadet de son amie…plus de nom…un sourire…un teint hâlé par le vent, les pluies, le soleil…une tignasse cuivrée où le peigne avait du mal à passer le dimanche…

La Dame-Enfant le trouvait beau, têtu et tendre. Un jour, elle lui avoua qu’elle voudrait bien mener les juments, en fin d’après-midi, avec lui. Il avait dit : "non, le père ne voudrait pas, les filles ne mènent pas les chevaux, elles gardent les vaches et les moutons, les gens du village trouveraient à redire. Lui, aurait bien voulu… »

Elle gagna. Ils partirent, conscients d’un secret à bien garder. Ils étaient heureux d’être ensemble, mais ne comprenaient pas encore ce qui les rapprochait. Un soir d’été où la chaleur montait du sol séché, où la fraîcheur descendait des branchages des noisetiers, les noisettes étaient encore laiteuses ; ils partirent. Un souffle tout doux agitait les blés qui n’étaient pas encore fauchés.

La Dame-Enfant, elle s’en souvenait comme si c’était ce matin, était juchée sur l’encolure de " la Noire "Elle dansait doucement au pas de la jument. Le Cadet droit comme un I tenait la longe des deux chevaux.

A suivre Ode


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Raymond de Cagny