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Le Journal des Ecrivains

La Drôle de Paix N° 33

dimanche 14 février 2010

LA DRÔLE de PAIX

Souvenirs d’adolescente 38/45

Après la tempête et le déluge de larmes de mon amie Simone, nous reprenons tous les six (je compte bien sûr les 2 chiens), le chemin de la Ferme du Goujin.

Je pense tout en marchant devant. Jean-Marie discute avec Simone et la Marie. Je suis perdue à réfléchir …

Moi, j’aime la campagne, les prés, les bois, les champignons de rosée même si on les trouve près des bouses de vaches, les ronds des fées où elles viennent peut être danser les nuits de pleine lune, les œufs que l’on découvre dans les haies pondus par une poule qui voudrait couver, les serpents d’eau, les têtards. Je n’ai peur de rien à Grenois. C’est comme si j’y étais née…

Simone est d’ici et ne peux plus y rester…

Je suis certaine que j’aurais été une bonne fermière et j’aurais aimé l’être, hiver comme été, soleil ou pluie, propre ou salie par la terre, l’herbe, les travaux et les animaux.

Pour en revenir à Simone et moi, jeunes filles de la drôle de paix, elle ne connaissait pas la ville et voulait y vivre. Je savais qu’à mon retour à Mériel je vivrais avec nos ennemis bien en vue. Maman me disait, à mots couverts, qu’Ils étaient bien moins aimables qu’à leur arrivée…

En pension, les bonnes sœurs seraient-elles aussi bonnes qu’elles le paraissaient ?

Tout en poursuivant les grosses sauterelles et les faire s’envoler pour voir leurs ailes roses ou bleues, mes idées me fatiguaient la tête !

Fi de l’avenir après tout !

On allait boire la frênette de Perrine, on ferait enrager la Pajote qui avait envie de tout savoir, en allant la chercher au dernier moment, la laissant croire qu’elle ne serait pas de la partie !

Pour le moment, c’était la fin des moissons. On allait entrer dans la canicule, 14 Juillet / 15 Août. Il faudrait aller se baigner dans l’Yonne ou le Beuvron à Clamecy ; prendre les vélos, les maillots, quelques sous et partir à la fraîche. Nous pourrions traîner le long du canal du Nivernais à guetter les gros rats d’eau et faire la conversation aux pêcheurs.

Nous arrivons, moi devant, eux accélèrent au coin du " Vieux Chemin " et du Goujin. La Moineaude est assise sur une chaise basse, lunettes sur le bas du nez, en train de ravauder. Elle se redresse ainsi que ses lunettes et nous fixe carrément.

Elle pourrait à tout moment se casser tellement elle est menue ! Perrine (bien ronde elle) m’a dit que son surnom vient d’un oiseau – moineau bien sûr !

Elle nous a bien vus, elle remue la tête de gauche à droite, c’est un salut…

Ode

A suivre


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Raymond de Cagny