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lundi 3 novembre 2008
LA DRÔLE de GUERRE suite - 2
La drôle de guerre était là.
La région où j’habitais était un passage ; et par route, et par eau ( L’Oise ) et par chemin de fer, vers le Nord de la France.
Au début des hostilités, mon père rentrait assez souvent dormir à la maison. Son costume de soldat est imprécis dans mon souvenir. Mais grand fut mon étonnement lorsque je vis ses "bandes molletières bleu ciel.
Ce n’était rien de les retirer et de les rouler. Je l’ai fait. C’était une toute autre affaire de les remettre. Je ne vous dirai pas les jurons que mon père proffèrait, à mi voix, lorsqu’il les remettait le matin, avant de repartir vers ses pillules et potions de la Pharmacie Centrale des Armées.
Mes parents venaient d’acquérir leur première voiture, une Simca 5. Mon père n’est jamais parvenu à être un bon conducteur. Paix à son âme…
Il a voulu nous emmener, maman et moi, à Beauvais, voir à une certaine heure, l’horloge de la cathédrale et ses personnages animés.
Nous n’y sommes jamais parvenus.
Panne…Jurons à mi-voix. Mon père était athée et libre penseur. Nous voilà au bord de la route, pas de circulation à cette époque, ou si peu. Un passant vint à passer. Mon père apprit alors qu’il était en panne d’essence ! Et voilà l’travail ! Ma douce maman se taisait toujours dans des cas semblables.
A sa dernière permission, un dimanche, mon père, après avoir rempli le réservoir de son auto, nous à mené promener dans la Forêt de Fontainebleau. Mes parents étaient gens de la terre, propulsés en Région parisienne (Seine et Oise de l’époque) pour l’achat du Salon de Coiffure Hommes et Dames.
Après cet apparté, je reviens à Fontainebleau. Papa a vu dans le bas d’un talus quelque chose qui bougeait. C’était un bébé lapin. Il l’a attrapé prestement et nous l’avons rapporté à la maison.
Mon père coiffeur de métier, mais cultivateur dans l’âme avait un très grand jardin où il cultivait toutes sortes de légumes. Il m’a donné une carotte avec les fanes. Le petit lapin s’était caché sous un buffet et n’en voulait pas sortir, malgré le superbe pied de carotte . Papa m’a expliqué qu’il sortirait quand il ferait nuit, et mangerait de même. C’était vrai.
Nous nous sommes attachés l’un à l’autre
Maman n’aimait pas beaucoup les petites perles noires du matin. Elle m’avait montré la pelle et la balayette.
La drôle de guerre continuait.
La première unité de soldats qui a cantonné dans notre ville était composée de Bretons. Il en est qui ont habité dans une maison vide à côté du Salon de coiffure ;
Ils brodaient !…Oui, ils brodaient !… Mon Dieu !
Par contre, ils buvaient sec !
Ils avaient des cars et des bidons en fer blanc que je trouvais crasseux. Ils envoyaient des garçons acheter du vin et le transvasaient dans leurs bidons. Après qu’ils aient été surpris par un gradé à faire "pipi" dans une rue à la vue de tout un chacun. Ils ont dû continuer à broder, sans boire. Puis ils sont partis vers le Nord.
Nous avons eu également des aviateurs. Race de seigneurs !Ils vivaient dans une grande vieille bâtisse. Ils lavaient leurs uniformes bleus dans des lessiveuses emplies d’essence. Le luxe, quoi ! Ca empestait notre grande rue !
Mon père venait moins souvent. Ma mère apprenait la coupe de cheveux pour hommes et le rasage sans balaffre.
Nous étions à l’âge où pour nous tout n’allait pas si mal. Nous travaillions bien en classe avec en vue, le certificat d’études primaires, alors vous pensez !…
Ode
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Raymond de Cagny