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Le Journal des Ecrivains

MORVAN LES FORÊTS SUITE ...

dimanche 14 septembre 2008

Réponse d’une lectrice à l’article MORVAN LES FORÊTS par Jodem.

MP3 - 5.2 Mo

En lisant ce court récit, je retrouve des sensations éprouvées dans les forêts de mon Pays d’Othe où j’ai vécu une dizaine d’années juste après la guerre au cours de laquelle des événements graves s’étaient produits dans le pays.

J’ai vu aussi des charbonniers, immigrés d’Italie. Des hommes d’apparence sombre, fruste, venus d’un pays qui la veille encore était notre ennemi.

Je me souviens que l’un de ces hommes a perdu l’esprit pour avoir respiré les émanations toxiques des meules de charbon. Il fut remmené en Italie.

Quelque temps après, on apprit qu’il y avait été soigné et guéri.

Cet épisode m’a laissé une impression forte qui m’a marquée jusqu’à aujourd’hui car, dans ce village composé de hameaux dispersés, la nouvelle fut transmise peu à peu, en quelques paroles brèves, mais l’enfant que j’étais ressentit que les villageois, gens taciturnes et durs à la tâche, étaient tous profondément heureux d’apprendre la guérison de l’étranger.

Mystère du coeur humain...

MORVAN LES FORÊTS suite

Le charbon de bois prenait naissance d’une pyramide de branches droites, sèches, recouvertes de glaise. Le feu couvait au centre, nuit et jour. Un temps déterminé par les charbonniers faisait consumer les branches qui devenaient noires et friables. Une petite cheminée en forme de trou se trouvait en haut de la pyramide.

Que de choses apprises et données par les charbonniers : 2 superbes cornes de chevreuil, du miel d’abeilles sauvages qu’ils maraudaient comme des ours qu’ils étaient !

Il n’en est plus maintenant de charbonniers, ou bien dans d’autres pays, pays dits sous-développés

Les bûcherons…Les charbonniers…Louis et Cie m’ont appris les arbres. J’ai vu les arbres marqués en rouge sur leur tronc, pour la mort. J’ai assisté à la mise à mort. Je revois les outils : les cognées de diverses grandeurs avec leur manche poli comme des galets roulés par la mer.

Ces manches étaient passés de main calleuse en main calleuse, les coins que l’on fiche en bas des troncs à coup de cognée pour les enfoncer au creux des reins de l’arbre afin de diriger sa chute, son fracas, les scies à 2 mains pour les scieurs de long – un homme à chaque bout faisant jaillir du tronc scié, la sève, le sang, la chair de l’arbre – et toujours cette odeur âcre et douce à la fois de la sève libérée.

J’en ai passé des après midi entiers, un livre peu lu près de moi, hébétée de la chaleur moite des sous bois, chassant les insectes, suçant une tige verte de menthe sauvage pour apaiser ma soif ou buvant l’eau d’une source glacée, me trempant les pieds dedans, ce qui faisait crier aux bûcherons " Petiote tu vas te glacer les sangs.

A l’heure la plus chaude du jour, tous dormaient, tout dormait. L’acier des cognées et des scies scintillait à quelques rayons de soleil fusant entre les hautes branches. C’était un éclair lumineux qui changeait d’endroit selon la brise et la hauteur du soleil dans le ciel.

Je ronronnais, rêvassais, les bras repliés sous la tête, sur un oreiller de fougères ou sur une veste de toile empestant le vieux tabac. Parfois, j’entendais à travers le tissu, le tic tac de la montre à gousset de Louis, qu’il tenait d’un grand-père.

Je m’amusais à y entremêler le tic tac et les battements de mon cœur au repos. J’avais l’impression, à ces moments là, que le temps était suspendu, arrêté à l’heure présente, que la fin du jour ne viendrait pas, que tout resterait comme dans l’instant présent, le monde, moi, la forêt, Louis qui dormait la bouche entrouverte sur ses dents de loup….

Mais il fallait scier, fendre, faire les fagots pour allumer les cheminées.

Chaque famille recevait, par la Commune, son bûcher descendu de la forêt dans des chariots : grosses bûches, plus petites et fagots, l’importance du bûcher était proportionnée à l’importance de la famille.

Chacun l’entassait le long d’un mur, sous un toit, pour qu’il sèche. Il fallait encore savoir l’entasser, et prendre la bonne bûche, car pour une bûche mal posée, c’était la déroulade !

Des poules allaient quelques fois pondre " en perte " sous les fagots. Les chiens de grand-père avaient nuitamment mené une vie d’enfer, tant et si bien qu’on avait allumé la " lampe tempête " ( que je possède encore ) et avait ouvert la porte pour voir une fouine, gobeuse d’œufs, déguerpir de sous les fagots.

Plus tard, elle se fit prendre par je ne sais plus quel piège !…

Ode

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Raymond de Cagny