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Le Journal des Ecrivains

NEBULEUSE N° 1/3 "AUDIBLE"

lundi 24 mars 2008

Audible, pour écouter cliquer sur l’icone :

MP3 - 2.6 Mo

NÉBULEUSE 1/3

Elle était toujours consciente, un peu ouateuse, mais consciente sur le chariot qui l’emmenait vers le bloc opératoire. Elle était encore dans le réel…. Une anesthésiste se penchait sur elle, un tensiomètre à la main et un sourire au bord des lèvres. " Elle allait lui faire une piqûre non douloureuse, toute l’Équipe du bloc la prenait en main. " Ce fut le dernier visage qu’elle vit.

Après ? Peu après ? Longtemps après ? Peu lui importait, rien ne lui importait. Elle flottait entre deux régions, entre son cerveau et l’endroit où son corps sans douleur se trouvait. Une salle blanche, des vitres teintées, des appareils bizarres, des mains douces, de fins tuyaux transparents reliés à ses deux bras, elle en avait conscience.

Le lit où elle gisait était très haut, plus hautes encore de drôles de bouteilles à l’envers… Une blanche comme du lait, une jaune… jaune comme quoi ? Jaune comme du pastis ! Ce fut sur sa bouche sèche un déclic sourire.

" Tout va bien, vous êtes réveillée. Nous sommes toutes là… Le docteur Kamel réanimateur va venir vous voir tout de suite. L’écran jaune rouge et vert enregistre en permanence votre cœur et votre tension. Soyez tranquille. "

Elle était tranquille, mais muette… Elle essaya de soulever une main, de dire " j’ai soif ", mais ce ne fut qu’un essai. Rien n’obéissait à ce qu’elle voulait. Elle entendait et voyait, c’était déjà beaucoup ! L’homme en blanc, au teint bronzé, à l’œil vif, fit signe à une blouse bleue qui approcha sa main et ce fut une goutte fraîche sur ses lèvres desséchées. Elle entrouvrit les lèvres et ce fut une de ses premières impressions de bonheur ;

Elle décida qu’elle aimait ce docteur, et s’en souviendrait !

Le jour avait baissé. Une ombre bleue accrocha une nouvelle bouteille en haut. Elle put voir une goutte qui faisait son chemin doucement jusque dan sa veine. L’ombre bleue lui montra une petite boîte blanche au nez rouge qui pendait juste devant son visage, à portée de sa main et qui restait lumineuse dans la presque obscurité de la chambre " la sonnette ". La caméra était à sa place dans un coin du plafond. Le petit écran était branché. Elle voyait, sans bouger la tête, le défilé jaune de son cœur qui vivait. Elle pensa furtivement à une série TV….

Une vague noire l’envahit, puis une lumière brusque …..

Elle se trouvait à Mériel, en Seine et Oise, dans l’avenue de la Gare.

Que faisait-elle là ?

A suivre

Ode.


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Raymond de Cagny