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Le Journal des Ecrivains

DROLE DE PAIX 21

lundi 6 avril 2009

Souvenirs d’ enfance 1938/1945

LA DRÔLE de PAIX cliquer pour écouter :

MP3 - 3.6 Mo

Au fur et à mesure de la montée vers la Ferme du Maurice (père de la Simone), je me faisais de plus en plus de souci sur les 4 bonshommes qui allaient m’inspecter…

Pour la Marie, tout irait bien…

J’avais mis mes bottes et des chaussettes jusqu’aux genoux. La mode n’était pas aux pantalons pour la gent féminine ! Mais maman m’en avait confectionné un neuf, dans un vieux de papa. On portait une jupe par-dessus.

Le style, quoi !

Nous dépassâmes l’Eglise, toujours à droite et le presbytère toujours à gauche. La Ferme était en vue à droite, et mon cœur sautait drôlement, à gauche comme il se doit !

"Simone, il faudrait que j’aille dire bonjour à Monsieur le Curé"…

"Ah ! t’as la frousse du Maurice et des frères, leur montre pas, si tu fais ça, y t’pourriront la vie. Y a longtemps que j’les pratique ! On ira voir l’curé après en r’descendant chez la Perrine déjeuner, allez viens" !

Nous voilà dans la grande cour de la Ferme d’en Haut. Le tas de fumier est à sa place, mais bien plus haut, signe de prospérité. Plus le tas est gros, plus le cultivateur est riche !

Les chiens guident les vaches jusqu’à l’étable. La Marie est près de la porte, elle pose ses deux seaux pour la traite. Elle vient vers moi et forcément me "biche" par 3 fois.

Elle doit sentir mon cœur battre la chamade sous mon corsage et me serre d’avantage.

Une voix claironne "Tiens la v’là, la parisienne, elle revient tout comme les hirondelles" …

C’est le Maurice. Le fouet toujours autour du cou , le traditionnel costume velours, boutons dorés et les gros godillots !

Je m’avance avec aplomb. Il s’arrête pile, me soulève contre lui. Il empeste le tabac, me plaque la moustache sur chaque joue et me repose brusquement à terre.

Mes bottes claquent sur le sol. Je ne tombe pas, il aurait sûrement bien voulu…

La Marie était entrée dans l’étable avec ses seaux. Simone était partie dans la Salle commune se laver les mains .

Elle s’engouffre à son tour dans l’étable avec seaux et torchons blancs pour essuyer les pis des grosses vaches blanches.

Deux grands bidons sont à la porte pour y verser le lait. Le ramasseur passera avec son camion fonctionnant à la sciure de bois (gazogène).

Et voilà le bataillon des 3 garçons qui s’avance. Ma parole, ils se sont lavés et peignés comme pour la grand’Messe ! Cela me donne le courage d’avancer à leur rencontre.

Mon Dieu, ont-ils l’air bête !

Le père se retourne et éclate de rire. "C’est gagné l’Odette, ils ont fait toilette ! Tu peux les bicher, y sentent pas l’purin" !

Oh la la ! On dirait 3 oignons classés par grandeur…

Albert, le plus jeune, le plus grand, toujours l’air balourd, Roger le grincheux, les yeux souvent baissés… M’embrassera-t-il ? Il n’a pas l’air chaud ! Louis l’ainé des garçons, à la Maison d’Ecole, lorsque nous étions jeunes enfants, je l’appelais "Cadet". Il me plait toujours bien… Ses cheveux sont frisés , un peu longs…

Je commencerai donc par lui. La moustache lui pousse déjà au dessus de la lèvre. Il rougit et moi aussi…

Le Roger pose seulement sa joue contre la mienne, une fois à gauche, 2 fois à droite !

Bébert fait comme son père, sans hésiter, il me soulève, ses baisers claquent 3 bonnes fois, plus le sourire éclatant. Il sent le savon..

Le Maurice tonne "Lave- toi les mains si tu veux traire avec les femmes. Vous partirez après, manger chez la Perrine, j’la plains d’tout cœur, vos langues vont pas chômer" !

Ode

A suivre...


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Raymond de Cagny