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Le Journal des Ecrivains

LA DAME à la LICORNE (n° 2 suite réservée aux abonnés)

jeudi 20 mars 2008

LA DAME à la LICORNE (N° 2 )

Mais les Moulins sont là, au détour des petits îlots de verdure. Les cygnes et leurs petits glissent doucement. Les canards, quelques fois la queue en l’air, la tête dans la vase à la recherche d’un repas, font bande à part. Ils savent que les cygnes sont des tueurs de canetons. Même une tortue se prélasse sur une souche qui sort de l’eau.

Voici un petit îlot ensablé. Isabelle n’hésite pas . Elle traverse l’eau,,mouille son jean jusqqu’aux genoux. Pas de danger, elle voit le fond de l’eau. Elle fait fuir un banc de vairons. Elle s’assied sur le sable. Elle s’allonge tout entière. C’est extra !…Elle ouvre son livre-cadeau. Cette Dame à la Licorne est extraordinaire de joliesse. Qui peut-elle être ? Ces tapisseries, elle les a vues au Quartier latin plusieurs fois, en groupe, et puis seule. Elle en connaît l’histoire. Elle sait le rôle que George Sand a joué dans sa découverte. Mais sa curiosité envers la Dame, vers Celui qui l’a tissée, vers Celui qui l’a pensée, vers Celui qui l’a donnée à Celle qui l’a reçue, n’a pas diminué.

Et soudain, la Dame est là, et Isabelle est sa Suivante. Elle ne porte plus son Jean, mais une robe de moire bleue et une jupe de brocart. Elle voit … La Licorne et la Dame qui se regardent. La Licorne a un œil de damoiseau amoureux. La Dame a l’air triste. Son Seigneur est peut-être aux Croisades ? Le lionà figure d’homme brandit la bannière et regarde Isabelle, le petit bout de la langue tiré. Sur le miroir que tient la Dame se reflète la jolie Licorne. Tous les petits animaux ont les yeux fixés les uns sur les autres, sans que les chiens, le renard, la lionne, n’attaquent les lapereaux. Isabelle est dans cette île de verdure et de fleurs qu’elle reconnaît pour des pervenches, des pâquerettes, des violettes, des muguets, des mille fleurs sous un chêne plein de glands, un buisson de houx, un oranger !

C’EST la VUE .

Ode


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Raymond de Cagny