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lundi 15 décembre 2008
LA DRÔLE de PAIX 7
Le 22 Juin 1940 , c’était la fin de la drôle de guerre.
C’était devenu la drôle de paix…
Petit à petit les soldats démobilisés revenaient, l’air triste, harassés. Les agriculteurs étaient les premiers à revenir pour recommencer à cultiver leurs terres.
Ils retrouvaient leurs champs entretenus par les vieux parents, comme ils pouvaient, avec peu de force et de courage. Certains n’avaient plus qu’un cheval, une ou deux vaches que les anciens et les femmes avaient pu sauver de ce qu’on appelait : la réquisition.
On aurait dit qu’ils n’avaient plus la même façon de marcher. Leurs casquettes ne se tenaient plus à la même place sur leurs crânes encore tondus. Ils attendaient qu’on leur adresse la parole pour répondre, alors qu’autrefois ils braillaient d’un bout du chemin à l’autre : « ça vat’y c’matin ? »
Je trouvais qu’ils avaient une mollesse dans tout leur corps. Ils la traînait dans leurs vignes et dans leurs bois. Ils ne parlaient jamais de ce qu’ils avaient vu, ou alors peut-être chez la Jeanne autour d’une chopine, et d’une autre, et encore d’une autre, offerte et réofferte, jusqu’à plus soif….
Je les connaissais tous et les aimais tellement ! J’aurais voulu leur dire que ce n’était pas de leur faute si nous avions perdu cette drôle de guerre.
A Grenois, notre facteur recommençait sa tournée, bien content. Quelques lettres venaient de la zone non occupée par les vainqueurs.
Une lettre arriva de mon père. Il avait traversé toute la France en longueur. Il était à Lunel dans l’Hérault . Il allait rentrer en Seine et Oise.
Ses 3 femmes, grand-mère, maman et moi avons sauté de joie et pleuré et reniflé dans les mouchoirs à carreaux rouges de grand père. Le facteur a eu droit à son « coup de goutte « .
C’était à nouveau les "grandes vacances d’été". Je n’allais pas pouvoir rester à Grenois après le mois d’Août. Maman est repartie en Seine et Oise pour attendre papa, et remettre en état la maison et le salon de coiffure.
J’ai eu un grand vide dans ces mois d’été. J’avais pris, me semblait-il, des années…Je ne traînais plus à droite et à gauche. J’allais garder les vaches avec mon amie de communion. Elle devait aider sa mère. Je trouvais que ses frères étaient devenus idiots.
Une ou deux fois j’étais partie sur une des juments du Cadet (frère plus jeune de mon amie) en essayant de ne pas me faire voir.
J’avais toujours sa préférence. Mais lui et moi avions changé. Autrefois c’était un jeu défendu. Rien n’était plus pareil. En ces jours d’été 40 , nous avions conscience l’un et l’autre que cela ne devait plus se faire !...
Rien n’était plus pareil, j’avais mal dans mon cœur. J’avais perdu mon enfance.
J’avais envie et peur à la fois de retrouver la Seine et Oise.
Où irais je en classe ?
Ode.
A suivre ...
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Raymond de Cagny