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lundi 27 septembre 2010
La Drôle de Paix
Après la réception de notre bon curé, nous n’avions plus qu’à attendre des nouvelles de Clamecy .
Nous nous sommes séparées, la Marie, Simone et moi à la Ferme d’en haut. J’avais envie de rentrer par les vignes pour retrouver mémée Perrine et le calme.
Mais, le Louis, frère ainé de Simone, avait sorti les deux juments. Je lui souhaitais le "bonjour". Il fit de même avec beaucoup de mal, sans me regarder…les joues rouges comme des tomates.
Il était en train de les brosser et de vérifier leurs sabots. C’était toujours lui qui en prenait soin, bien mieux qu’il ne se soignait lui-même !
Tel que je le revois, je le trouvais assez beau garçon. Il avait souvent une longe autour du cou. Sa tignasse broussailleuse un peu ondulée en mèches me plaisait bien, moi qui avais les cheveux coupés à la "Jeanne d’Arc".
Il me regarda, contrairement à son habitude et brailla :
Mais qu’est c’que t’as à m’regarder comme ça ?
Je te regarde et aussi tes juments. Elles sont joliment coiffées, c’est pas comme toi ! J’ai une idée. Je vais demander au Maurice d’aller avec toi les faire boire à la Fontaine.
T’es pas un peu foule ?
Non, je vais le faire, où est-il ?
Dans la grange.
Et me voilà, courant vers le Maurice, l’ours Maurice à qui je fais ma demande. Il éclate de rire, me moque. Il me soulève de terre, me juche sut le garrot de la "Noire" (l’autre c’est "Princesse")
Simone était sortie de la grande Salle avec la Marie. Elles préparaient le déjeuner. Ce furent des Oh et des Ah…
Je me mis à rougir, à tirer sur les pans de ma jupe. C’était chaud et doux et vivant à mes cuisses. J’en rougis encore en y repensant !
Nous traversâmes le village, moi sur la "Noire" ; Louis, à pied tenant "Princesse" au garrot. Les deux juments étaient liées par une courroie de cuir.
Quelques femmes nous virent à la Fontaine. Louis fit arrêter les juments et tourna la grande roue pour emplir d’eau l’auge en pierre.
J’étais un rien fière ! Une idée germa, prit de l’ampleur dans ma petite tête. J’envisageais de demander au Louis de mener les juments avec lui, en fin de journée, au pré où elles passeraient la nuit. Ca s’appelait, en patois morvandiau "A profond d’vaux"
Bien sûr je le dirais à Perrine, mais rien au Maurice !
Ode A suivre
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Raymond de Cagny