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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix 44

lundi 24 janvier 2011

Souvenirs d’adolescence 38/45

Drôle de Paix

Je me demandais si "Les Profonds de Vaux" étaient loin. Impossible de demander au Louis "Combien de Kilomètres ? "

Millimètres, centimètres, mètres et kilomètres étaient du temps de la Maison d’Ecole de leurs jeunes années ! Ses gros souliers ferrés le portaient là où il devait aller, sans plus.

A cet instant, il marchait à côté de "Princesse", droit comme un i, évitant les ornières creusées par les roues en bois des chariots chargés des foins pour l’hiver, ou bien des gerbes de blé ou d’avoine.

Il sifflait de temps en temps Finaud qui disparaissait fréquemment pour renifler la trace d’un lapin ou autres.

Il me jetait de temps à autre un coup d’œil rapide.

Mes idées vagabondaient, elles aussi. Etait-il intelligent ? J’hésitais sur le mot. Il était calme comme le sont les paysans, madré dirais-je, apparemment simple avec un air bonhomme. J’avais cependant remarqué ses yeux, souvent ils le trahissaient…

Mais il me plaisait tel que je l’avais toujours connu lorsque nous étions sur les mêmes bancs à apprendre "b, a…ba".

Les deux juments marchaient de front. Par sécurité, je crois, le Louis tenait la longe près du garrot. Elles étaient liées. Le chemin n’était pas très large, herbu en son milieu, terreux de chaque côté.

Les petites branches des noisetiers à droite frôlaient mes jambes. Ce soir là, soir d’été, la chaleur montait du sol séché et poudreux. La fraîcheur descendait seulement des branchages des noisetiers. Je savais pour avoir croqué une "a’v’line" qu’elles étaient encore laiteuses.

Je tournais souvent la tête pour observer mon ami d’enfance heureuse.

La "Noire" luisait au soleil couchant. Je dansais doucement à son pas.

Je me mis à penser que j’aimais bien le Louis…Ah non, pas comme la Simone et son Jean-Marie. Je l’aimais bien comme j’aimais les deux garçons de ma cour de Mériel. Voilà ! Je venais de trouver qu’il m’était possible de lui faire faire ce qu’il ne voulait pas faire !

  T’es pas bavarde l’Odette !

  Toi non plus Louis, raconte moi, c’était quoi l’oiseau qui a traversé ?

  Un geai bleu.

  Oh ! j’en ai eu un, tu te rappelles ? Grand père l’avait trouvé blessé. Il lui avait fait un perchoir.

  Ben oui ! je m’rappelle ben. Il est dev’nu quoi ?

  Il s’est étranglé avec une fraise.

  Ah ben !

Puis des silences

  Oh ! Louis, j’ai vu une petite bête à poil qui s’est sauvée de mon côté, sous l’herbe, qu’est-ce que c’était ?

  P’ t’ête un mulot, une bête qu’a un nid par là.

Le Louis savait tout sur la campagne et les forêts de mon enfance : le Morvan.

Et je me mis à chanter : Allons les Morvandiaux, chantons la Morvandelle, chantons nos claires eaux, notre forêt si belle….

  Allez, Louis chante avec moi !

  Ma pauv’ gamine, t’es-t’y foule ?

Ode A suivre


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Raymond de Cagny