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Le Journal des Ecrivains

La Drôle de Paix 35

lundi 5 avril 2010

Souvenirs d’adolescent 38/45

Drôle de Paix

"C’est vraiment honteux, cette femme qui n’est déjà plus toute jeune, avec ses deux petites de l’Assistance, je vous juge mal toutes les deux ! "

La Marie a encore ce sourire qui lui vient de loin et ça me fait chaud au cœur, malgré les remontrances…

Je fonce, Jean-Marie attrape le bras de Simone sous le regard curieux de la Marie, et nous courons chez la Pajote et secouons l’anneau de la porte…

Deux petites filles débarbouillées de près, à carreaux rouges et blancs, pieds nus dans les sandalettes passées au blanc d’Espagne font irruption devant la Pajote rouge comme les pivoines de son jardin.

Nous sommes tous les trois plus rouges qu’elle, le rouge de honte à nos fronts, le rouge colère de Jean- Marie contre nous…

L’espace d’une seconde, je pense que nous avons été mauvaises et ma conscience me prie d’ajouter un acte de contrition à ma prière du soir !

Nous voici en train de traverser le chemin du Goujin qui monte vers la Forêt. La maison de la Pajote est à droite, juste en face de la Ferme de Perrine, à la gauche du chemin.

Il fait encore chaud. Le temps a passé vite et il en reste peu pour boire !

Ma petite Perrine avait tout préparé. On s’embrasse, sauf la Marie. Elle a peu l’habitude de flâner. Je pense à ce qu’elle pense. Il va falloir faire vite pour retrouver la Ferme d’en haut ...

C’est dimanche et les 4 hommes sont à la foire de Tannay qui s’y tient depuis 2 jours. Ils rentreront très tard. Les paysans toujours au travail par monts et par vaux avaient un "ausweis".

Donc, je lui souris, m’approche d’elle et penche la tête vers sa taille, elle est tellement grande et moi tellement petite ! Elle me gratouille les cheveux…

Les deux gamines à carreaux rouges sont heureuses comme tout et s’approchent de la Marie, elles ne la connaissent pour ainsi dire, pas ! Elle leur gratouille aussi la tête aux cheveux coupés courts. Les deux petites se mettent à courir en criant de joie.

Jean-Marie demande à grand-mère s’il peut descendre un banc de bois, accord donné, banc descendu avec la Simone ; nous voilà tous assis. Jean-Marie fait le service en plongeant une louche dans la frênette.

Grand-mère descend de la Grande Salle avec 2 galettes au fromage blanc, un grand couteau, on mangera avec les doigts, la frênette descend bien fraîche. C’est un grand moment de bonheur, ce n’est pas la guerre, c’est la paix, notre paix à nous 8, sur un petit morceau de terrain, à nous… le plaisir de voisiner !

Perrine va ouvrir la porte de son jardin, appelle les petites :

"Gisèle, Armande, allez don voir si y’aurai encore quinqu’chose à manger, p’t’ête ben qu’y a encore eune "peurne" de reine Claude par terre, touchez pas aux coloquintes, elles sont pas meures. J’vous en donnerais une à chacune plus tard"…

La Pajote, si je ne m’abuse, écrase son œil (alarmé).

Il n’y a aucun silence dans nos bavardages. Marie commence à parler de Simone à Mémée et du Curé à voir demain. Je suis allée au jardin retrouver les petites. Quelques fraises étaient encore au creux des feuilles, 6 prunes presque réduites en pruneaux par la chaleur n’ont pas survécu aux bouches avides. J’ai pensé à demain. La Marie a entendu l’horloge de Perrine sonner 7 coups. Elle a appelé Simone pour prendre le chemin des vignes, derrière les acacias, s’est approchée de Jean-Marie, lui a parlé tout bas. Il a hoché la tête pour dire "oui" et lui a touché la main ainsi qu’à Simone. (Elle a fait son groin).

Il a disparu en descendant le chemin du Goujin.

" Allez, les gamines, la soupe est trempée et au lit, à s’revoir la compagnie "

Elle a tourné les talons (et c’étaient de vrais talons), les gamines courant devant.

La Marie m’a touché l’épaule, a souri à Perrine "Merci Perrine, ça m’a chauffé l’coeur". Simone, le rouge aux joues m’a "bichée" un coup joue gauche, un coup joue droite "à d’main l’Odette, merci Perrine, bonne nuit à vous, on aura du mal à vous rend’ la pareille là haut ! "

Ah ! la méchante péronnelle !..

Ode

à suivre


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Raymond de Cagny