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Le Journal des Ecrivains

Drôle de Paix 46

jeudi 17 mars 2011

Souvenirs d’adolescence 38/45

Finalement, je m’étais trompée.

Louis n’était plus l’ami de ma petite enfance, mon voisin de pupitre de la Maison d’Ecole. Il avait un pantalon dont les jambes flottaient sur ses "godillots".

C’était déjà une moitié d’homme ! Il ne portait plus de sabots que nous quittions aussitôt après le préau… Même à la ferme il chaussait ses croquenots. Moi, j’étais encore heureuse de chausser mes sabots pour aller à l’écurie aux chèvres ou au jardin de Perrine.

Il me semblait m’ouvrir à l’envie qu’avait Simone de partir pour Clamecy, même si elle allait être finalement "la Bonne du curé". A la Ferme d’en Haut, elle partageait cette fonction avec la Marie sans être payée !

A Clamecy, elle irait s’inscrire aux Cours Pigier, sans rien débourser…

Voilà à quoi je réfléchissais, les jambes nues autour du cou de la Noire, sans chapeau, sous le soleil couchant. Louis que je regardais de haut ressemblait subitement à sa sœur – il faisait son grouin – Zut ! Alors…

Que de terribles découvertes sur le chemin de Profonds de vaux !

Voilà ce qu’il me semblait : j’étais toujours une gamine à 15 ans. La Simone était déjà une femmelette du même âge et ce pauvre gamin ébouriffé se prenait pour un homme, mais pas pour moi ! Il avait 14 ans, un point c’est tout.

J’ai vécu à ce moment précis une cassure qui me tirait les larmes du cœur. Je ne voulais pas changer moi, non, je voulais rester dans mon enfance. J’avais peur de voir que mes deux amis n’étaient plus comme moi. N’étions-nous pas semblables du temps de la Maison d’Ecole ?

D’un seul coup j’aurais voulu être à Mériel avec mon père que j’embrassais et qui m’embrassait, et qui chantait avec moi ! Il avait souvent un petite geste pour toucher la main de maman…

Mon Dieu ! Quelle différence avec la famille du Louis ! Jamais je ne l’ai vu embrasser sa mère, l’Albert ni le Roger non plus… Il est vrai que mon grand père, n’embrassait pas mémée Perrine non plus. Pourtant ils partageaient tout. J’en déduisis que les gens des campagnes ne s’embrassaient pas !

Bizarre ! J’avais pourtant des élans envers les gens que j’aimais !

A suivre Ode


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Raymond de Cagny