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Le Journal des Ecrivains

LA DROLE DE GUERRE 6

lundi 8 décembre 2008

LA DRÔLE de GUERRE 6

MP3 - 2.5 Mo

Un matin, en allant chercher le lait, avec, toujours attachée à mes basques, une petite gamine de l’AP, quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir, dans une cour de ferme, un peloton de casques verts, au garde à vous devant un officier.

Mais cela n’était rien…

Dans un baquet d’eau se trouvait, nu jusqu’à la ceinture,un homme, le crâne rasé, qu’un autre soldat brossait avec du savon noir et une brosse à chevaux.

Il n’était pas assez propre pour un soldat de l’armée d’occupation !

Un jour, après qu’il ait pris son repas , Otto tendit la main à ma mère pour "Au Revoir". Maman ne tendit pas la sienne…

Il dit seulement « pardon » en claquant, comme à l’accoutumée, ses talons.

J’étais un peu peinée. Je le dis à ma mère. Nous étions couchées. Elle me rapprocha d’elle et me dit "Je ne sais pas où est papa. Otto est un soldat ennemi bien élevé. Il sait que papa est soldat. Nous sommes obligées, jusqu’à un certain point, de faire bonne figure, mais pas plus Odette".

Le régiment auquel Otto appartenait, dont les soldats campaient plus ou moins à Grenois ou dans les villages avoisinants, partit un soir.

Otto vint claquer ses talons devant ma mère et ma grand-mère toujours muette et renfrognée. Je suis certaine d’avoir eu réellement de la peine pour lui et pour tous les autre hommes qui faisaient cette drôle de guerre.

Otto a encore regardé ma mère et ma grand-mère. Il a dit "encore merci madame". Je l’ai laissé poser sa main sur ma tête.

En descendant les marches de pierre de la salle commune, il a levé la main comme pour un salut. Grand-mère était figée. Elle a grommelé "bon débarras l’diable s’en va" !

Maman avait les deux bras ballants. J’ai bien vu son demi geste de décoller légèrement sa main de son côté droit, pour adieu. Mais elle n’a pas continué plus loin .

Le bruit a couru dans le village, venant d’où ? Ce régiment devait tenter une invasion en Angleterre ! Qui le savait ?

Depuis cette année là, je continue, à la saison des groseilles, de faire des omelettes allemandes. Dans ma mémoire, je dis à Otto "Voilà, nous sommes amis maintenant… J’ai même un fils qui a épousé une jeune fille allemande. Elle m’a donné une petite fille allemande, et voilà l’travail" !

Ode à suivre


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Raymond de Cagny