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Le Journal des Ecrivains

LA BOITE AUX TRESORS (2/5) suite réservée aux abonnés.

dimanche 27 avril 2008

La Boite aux Trésors (N°2) Audible :

MP3 - 3.4 Mo

Suite réservée aux abonnés :

Le temps des roses…les petites roses pompons, les grosses roses-choux, aux pétales serrés, les plus parfumées. Venait le temps des reposoirs de la Fête-Dieu. A chaque calvaire, c’est à dire à chaque croisée de chemin ! La procession s’organisait : les vases emplis de boules de neige, d’œillets mignardises, de seringas, de roses, de pivoines…

Tout était en place, les reposoirs comme des reposoirs !… Les petites filles et la Dame-Enfant vêtues de blanc, le front auréolé d’une couronne de marguerites, les sandalettes passées, le matin même, au blanc d’Espagne, l’air sage, débarbouillées de près, les cheveux disciplinés, roses de fierté et de plaisir, une corbeille de pétales de fleurs accrochée devant elles, marchant devant le bon curé porteur du Saint Sacrement sous un dais doré porté par 4 hommes, précédés des enfants de chœur !…

Plus avant dans la saison, la Dame-Enfant ne se sentait plus de joie à la première fraise trouvée en haut du chemin du Goujin qui menait à la forêt. Elle savait que dans quelques jours, un de pluie, un de soleil, les fraises seraient bonnes à cueillir. Elle appelait grand-mère qui était, soit aux clapiers, soit à retirer quelques mauvaises herbes au fond du jardin.

Elle annonçait qu’elle allait chercher des fraises. On organisait le fond et le tour d’un panier avec des feuilles de rhubarbe. Le nez baissé au ras des talus, elle passait des heures à la cueillette. Lorsqu’elle trouvait des tiges couvertes de petits fruits rouges, elle les cueillait telles des fleurs, et les gardait en petits bouquets. Lorsque le soleil disparaissait derrière les monts arrondis appelés "Les Chaumes ", elle rentrait doucement sur le chemin empierré en grappillant les fraises des bois. Elle écrasait du bout de la langue le petit fruit délicieux au fond de son palais. Quel jus ! Quelle saveur ! …

Depuis, le Dame-Femme s’était trouvée à déjeuner avec le Vieux-Monsieur, dans des restaurants où l’on sert des fraises des bois dans des coupelles ciselées. Le Vieux-Monsieur demandait si sa Dame-Femme voulait ses fraises au sucre, Melba, avec de la crème fraîche ?

Non, elle les voulait natures. Nature ! Nature…..

Elle prenait alors une fraise entre le pouce et l’index, la portait à la bouche, les yeux fermés. Elle restait ainsi quelques secondes, levait les paupières et découvrait son mari, l’air interrogateur, un peu père de famille, lui tendant une petite cuillère, d’une petitesse exquise, pour déguster les fruits adorables…adorablement posés sur une feuille de fraisier. Avait-il su qu’elle n’avait pas trouvé à cette pauvre malheureuse petite fraise des bois des villes, la même saveur qu’à celles de son enfance ?

Non, bien sûr ! Il n’aurait pas compris, pas plus qu’il n’aurait compris ce sentiment qu’elle avait ressenti, un jour de printemps, dans les forêts du Morvan. Ils étaient partis cueillir les muguets, la Dame-Enfant, son amie de communion et son frère cadet d’une année. Tout sentait le printemps, les fleurs, les couleurs, les abeilles-velours au cœur des clochettes, les feuilles de chêne. Le vent doux agitait les herbes.

A suivre Ode.


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Raymond de Cagny