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lundi 17 novembre 2008
LA DRÔLE de GUERRE - 4
La Débâcle... L’Occupation allemande.
Cette guerre n’était plus drôle, elle était perdue….
Perdu aussi mon père, dans quelle région ? Nous n’avions pas de nouvelles.
Des paysans de Grenois disaient avoir vu des camions bâchés, des autos mitrailleuses, des side-cars avec des nuées de soldats aux uniformes verts… Et qu’à Clamecy il y avait des centaines de soldats français au pied de la cathédrale, sans arme, avec 2 vieux soldats verts pour les garder…
Les soldats allemands déferlaient sur nos campagnes, sans trop s’arrêter, pressés d’en finir.
Maman prit son vélo et partit "dare-dare", sans peur et sans reproche !
Pourtant si, grand mère Perrine lui en avait fait des reproches avant qu’elle ne parte pour Clamecy (25 km). Ma mère pensait quêter quelques renseignements auprès de prisonniers.
A son retour, ma mère n’était pas seule. Deux jeunes hommes hirsutes, donc 3 vélos, l’accompagnaient. Ces deux garçons avaient osé se faire la belle !
Perrine n’était pas rassurée par les agissements de sa fille ! De plus, elle dût, sur la demande expresse de ma mère – Je n’en revenais pas – sortir d’une grande armoire deux pantalons et vestes en velours de grand père, au ciel depuis 3 années.
Je ne me souviens plus si ces jeunes hommes ont mangé, certainement.
Ma mère a été trouver un vieux bûcheron connu, pour leur faire traverser la grande forêt. Il était certain d’une ferme où ils auraient du travail, bien cachés dans un trou perdu. Ils n’avaient plus l’air de prisonniers, mais de bûcherons.
Toujours pas d’ennemis dans notre petit village.
Quand un matin où j’allais chercher le lait journalier, avec ma boîte à lait à la main, tenant une petite fille au tablier à carreaux rouges dans l’autre (uniforme d’une "gamine de l’Assistance Publique" comme disaient les natifs, sans méchanceté aucune) J’ai eu la peur de ma vie….
Un soldat casqué de vert, fusil à l’épaule, était debout à côté de mon abreuvoir, sur la Grand Place de mon village. J’avais freiné sec de mes deux pieds. La chaînette de ma boîte à lait a tinté le long du métal. La petite fille, dans mon arrêt brusque, a failli choir en arrière. J’avais pensé brièvement à courir…
Le soldat, tout sourire, s’est avancé vers nous. Je tenais serrée la petite main de la gamine. J’avais posé ma laitière. J’avais peur que ma peur se voit…. La petite fille ouvrait grand ses yeux, sans peur.
Le soldat a sorti de sa poche…des bonbons…dans des papiers de couleurs différentes. Il en a tendu un, à ma gamine, qui, forcément l’a accepté pour se le mettre dans la bouche. J’ai certainement dû l’en empêcher…
Vous ne savez peut être plus, ou pas, mais ON disait qu’ILS pouvaient empoisonner certains aliments….
Ce dont je me souviens, ce sont ses gestes à lui. Il a retiré le papier du bonbon qu’il m’avait tendu et que je n’avais pas pris. Il en a sorti un autre de la même poche, a retiré le papier en me fixant – moitié rieur, moitié méchant – a ouvert la bouche et l’a enfourné, je dis bien, enfourné.
Il a retiré le papier d’un autre bonbon. D’un geste assez brutal me l’a presque enfoncé entre les lèvres.
Ce que j’ai ressenti ? J’ai tout d’abord rougi. La figure me brûlait. J’avais très peur et j’ai crains pour ma culotte "Petit bateau". Puis mes lèvres se sont ouvertes. J’ai retrouvé un goût que j’avais oublié. Ai je dit merci ?
Cette escarmouche m’avait fait peur, mais m’avait donné à réfléchir à quelque chose de nouveau. J’avais découvert qu’être vainqueur avait tendance à donner tous les droits !...
Une bien fâcheuse découverte !..
Ode à suivre
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Raymond de Cagny