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Le Journal des Ecrivains

La Boite aux Trésors 4/4 (suite et fin) abonnés.

lundi 12 mai 2008

Boite aux trésors suite et fin

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MP3 - 3.4 Mo

Et le cadet les fit trotter. La Dame –Enfant était ravie. Les sabots claquaient sur les cailloux, écrasaient les mottes de terre, mais une brindille de noisetier fouetta les naseaux de la Noire qui fit un écart et heurta l’autre jument. Le Cadet essaya bien de maintenir les guides, mais la Dame-enfant glissa sur le côté et roula dans le fossé. Les sabots de la Noire l’effleurèrent. Elle eut tellement peur que la culotte " Petit Bateau " en fut noyée de crainte !

La Vieille-Dame est tout sourire.

Elle se souvient encore d’un pré d’automne que, par jeu, le Cadet lui avait donné en cadeau, une merveille…Ils jouaient à l’aveugle ! …Il lui cachait les yeux pour la faire marcher jusqu’au cadeau. Lorsqu’elle les avait ouverts, elle avait buté en marchant, le jour lui avait brûlé la vue.

Et, tout à coup, au-delà de la barrière, sur un pré en pente d’herbe grasse et luisante de l’automne, elle avait découvert des milliers de petites têtes mauves, droites et courtes : les colchiques.

Tout d’abord, elle fut muette d’émerveillement, puis elle retira ses chaussures et courut à travers pré et au travers des colchiques. Le Cadet était ahuri, au-delà de la barrière. Il la regardait faire, sans un geste, puis elle se jeta, ventre à plat, de tout son long sur le pré. Elle pleurait sourdement, calmement, cela lui venait de très loin, malgré elle, sans douleur. Elle avait honte et peur à la fois.

Le Cadet demeurait immobile, ne sachant que faire. Puis il courut et s’agenouilla auprès d’elle Avait-elle mal ? Avait-elle été piquée ? Elle s’assit auprès de lui. Il n’osait rien faire. Elle répétait " Oh ! J’ai mal, j’ai mal ! "

Il n’osait rien faire que prendre les rubans de la Dame-Enfant qui s’étaient dénoués. Un grand moment passa, en silence, les épaules de la Dame-Enfant ne bougeaient plus. Elle ne reniflait plus, ne disait rien, regardait seulement le pré aux colchiques d’un air triste, si triste qu’il osa lui toucher le bras nu, frôla de ses lèvres la joue de son amie et osa lui dire : " qu’est-ce que t’as eu ?"

Il eut sûrement la plus grande surprise de sa vie quand il l’entendit répondre, en soupirant : " On dirait un grand cimetière et j’ai eu peur de mourir d’un seul coup ! " Cela dépassait son entendement. Il était toute simplicité. Elle le troublait à certains moments par son comportement compliqué. Cela les séparait quelques fois, mais bien d’autres choses les avaient rapprochés…Bien d’autres choses…..

La Vieille-Dame est paisible. La " Boîte aux Trésors " est ouverte. Une abeille velours s’est posée sur les brins de muguet. Elle butine dans le cœur des roses pompons blotties dans le foin qui embaume. Une goutte de rosée brille encore dans le cœur de l’une d’elles. Le vent doux fait flotter les rideaux de la fenêtre entrouverte, bouge les rubans entremêlés et soyeux. Le bouquet de fraises des bois est empli de petits points rouges sur leurs feuilles dentelées.

Le balancier de la haute horloge s’est arrêté tout seul.

L’abeille velours s’envole.

La Vieille-Dame est partie dans ses prés… Elle a rejoint la Dame-Enfant…

Ode


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Raymond de Cagny